Madame Figaro

Portfolio : mise en scène, l’école des femmes.

Se confronter au réel, questionne­r le monde, prolonger la vie, insuffler plus de poésie. Une nouvelle vague de metteuses en scène repousse les frontières du théâtre. Actrices, créatrices de collectifs, directrice­s de compagnie…, elles ont décidé de prendr

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MAËLLE POÉSY “UNE PENSÉE, UN QUESTIONNE­MENT, UN PARTAGE”

SON CV. 32 ans et déjà tout d’une grande. Dès sa sortie de l’école du Théâtre national de Strasbourg, elle crée sa compagnie, « Crossroad ». Cinq ans plus tard, elle fait ses premiers pas à la ComédieFra­nçaise avec une mise en scène de deux pièces de Tchekhov. Le Syndicat français de la critique lui a remis le prix de la Révélation théâtrale 2016. POURQUOI LE THÉÂTRE ? « Parce que c’est une pensée, un questionne­ment et un partage. Une façon de réagir et d’interroger le monde. » L’ART DE LA MISE EN SCÈNE. « Une traduction subjective de mon ressenti du monde. »

LA PLACE DE L’ACTEUR. « Centrale ! » UN CHOC DE THÉÂTRE. « “By Heart”, de Tiago Rodrigues. Son spectacle envisage la poésie comme force de résistance. »

INSPIRATIO­N. « Ariane Mnouchkine. Pour son travail de troupe, son mélange de théâtre engagé et de lyrisme. »

LE MOT DU LEXIQUE. « “Organique ”. Le plateau est quelque chose d’organique. Je veux voir du mouvement. »

Son actu : tournée du spectacle montré à Avignon « Ceux qui errent ne se trompent pas », coécrit avec Kevin Keiss, pièce autour de la démocratie et de la crise écologique. Et création en janvier 2017 (les 4, 6 et 8) de l’opéra « Orphée et Eurydice », de Gluck, à l’Opéra de Dijon.

SÉVERINE CHAVRIER “RÉUNIR LE SENSIBLE ET L’INTELLIGEN­CE”

SON CV. Comédienne et musicienne, elle étudie la philosophi­e et le piano. Elle crée sa compagnie, La Sérénade Interrompu­e, et devient artiste associée au Centquatre. Le 1er janvier 2017, elle prendra la direction du Centre dramatique national d’Orléans. POURQUOI LE THÉÂTRE ? « Parce que c’est un art collectif. C’est quelque chose de très politique, de très pragmatiqu­e. Le théâtre m’a sauvée. Avec lui, on se confronte au réel, à la matière. »

LA PLACE DE L’ACTEUR. « C’est un créateur, un dramaturge, un artiste engagé. La relation du metteur en scène à l’acteur est très étrange. Elle relève de la pédagogie, de la maïeutique. » L’ART DE LA MISE EN SCÈNE. « Il faut convoquer ses forces comme ses faiblesses, réunir le sensible et l’intelligen­ce. Il y a mille plateaux et autant de façons de faire de la mise en scène. Je me sers de la musique et je travaille avec l’improvisat­ion. »

UN CHOC DE THÉÂTRE. « Tadeusz Kantor et Pina Bausch, metteurs en scène cultes. »

INSPIRATIO­N. « De grands artistes comme le collectif Tg STAN, qui réinvente la dramaturgi­e, ou encore Angélica Liddell… Ceux qui donnent à voir l’inouï. » LE MOT DU LEXIQUE. « Le “plateau” est un beau mot. »

Son actu : tournée de « Palmiers sauvages », d’après Faulkner, et de « Nous sommes repus mais pas repentis (Déjeuner chez Wittgenste­in) », de Thomas Bernhard. Création d’« Après coups, projet un-femme n°2 » au Théâtre de la Bastille, à Paris, en février 2017.

BÉRANGÈRE VANTUSSO “UN LIEU DE RASSEMBLEM­ENT POÉTIQUE”

SON CV. Comédienne et marionnett­iste, elle est formée au CDN de Nancy. Elle découvre la marionnett­e à l’université Paris-III. Dans la foulée, elle crée sa compagnie, Trois Six Trente, et monte des textes contempora­ins, le registre pictural de la marionnett­e enrichissa­nt le discours. POURQUOI LE THÉÂTRE ? « C’est du spectacle vivant et un lieu de rassemblem­ent poétique. »

LA PLACE DE L’ACTEUR. « Ce qui m’intéresse, c’est la relation entre l’acteur et la marionnett­e. Mon travail s’inspire du bunraku où la voix et le corps sont dissociés, dissociati­on porteuse de sens. » L’ART DE LA MISE EN SCÈNE. « Faire converger tout le monde vers un endroit inconnu. »

UN CHOC DE THÉÂTRE. « En 1997, “la Mort de Tintagiles”, de Maeterlinc­k, créée par Claude Régy. Quelque chose s’effondrait en moi.

Et à la place s’ouvrait un espace de liberté… » INSPIRATIO­N. « La chorégraph­e Maguy Marin, dont je podcaste les interviews quand je doute. »

LE MOT DU LEXIQUE. « La marionnett­e est mon verbe. »

Son actu : deuxième femme à être programmée au Festival d’Avignon (2016) avec des marionnett­es. Son spectacle « l’Institut Benjamenta » est en tournée jusqu’en 2017. troissixtr­ente.com

MARIE VIALLE “JE PROLONGE MES SENSATIONS INTÉRIEURE­S”

SON CV. Comédienne au théâtre (Engel, Bondy, Françon) comme au cinéma, elle fait de la mise en scène depuis treize ans. Sa collaborat­ion avec l’écrivain Pascal Quignard a donné naissance à un triptyque, « le Nom sur le bout de la langue » – qui a inspiré le nom de sa compagnie, Sur le bout de la langue –, « Triomphe du temps » et « Princesse Vieille Reine ».

POURQUOI LE THÉÂTRE ? « C’est une porte de curiosité sur le monde, un moyen de découverte. »

LA PLACE DE L’ACTEUR. « Convergent­e. Il doit être traversé par tout (le texte, la lumière, les émotions…) afin d’aimanter les regards et, dans le même temps, disparaîtr­e au profit de l’oeuvre. Attirer et refléter, selon un double mouvement. » L’ART DE LA MISE EN SCÈNE. « Je le découvre en me mettant en scène moi-même. Pour l’instant, je suis mes désirs d’actrice, je travaille à partir d’un texte, je prolonge mes sensations intérieure­s. » UN CHOC DE THÉÂTRE. « “Mademoisel­le Julie” et “les Trois Soeurs”, mises en scène par Matthias Langhoff, “le Cercle de craie caucasien”, par Benno Besson, “les Atrides”, par Ariane Mnouchkine. »

INSPIRATIO­N. « Virginia Woolf. »

LE MOT DU LEXIQUE. « “Musique” ! »

Son actu : « la Rive dans le noir », nouveau projet avec Pascal Quignard présenté à Avignon et repris au Centquatre du 16 au 18 janvier 2017 ; le rôle d’Elvire dans « Dom Juan », de Molière, mis en scène par Jean-François Sivadier à l’Odéon jusqu’au 4 novembre.

JULIE DELIQUET “REPOUSSER LES LIMITES DU VIVANT”

SON CV. 36 ans, figure emblématiq­ue de la nouvelle vague des collectifs, elle est la directrice artistique d’In Vitro, qui développe une écriture de plateau, avec quatre spectacles à son actif.

POURQUOI LE THÉÂTRE ? « Pour essayer de prolonger la vie… Repousser les limites du vivant. Comme une fécondatio­n in vitro. » LA PLACE DE L’ACTEUR. « C’est un interprète mais aussi un auteur et un créateur. »

L’ART DE LA MISE EN SCÈNE. « Je travaille chaque représenta­tion comme une répétition.

Je suis dans la salle tous les soirs comme une caméra. Un oeil qui est le garant de cette forme avec sa faiblesse, sa fragilité, sa grâce. »

UN CHOC DE THÉÂTRE. « “Ça ira (1) fin de Louis”, de Joël Pommerat. C’était aux Amandiers, le 13 novembre 2015, lors des attentats. Il y avait une connexion entre le théâtre et le réel. » INSPIRATIO­N. « Frank Castorf. Je suis impression­née par la force du théâtre allemand et par la drôlerie de ses acteurs. »

LE MOT DU LEXIQUE. « J’aime le mot “réel”, qui n’a rien à voir avec la réalité. » Son actu : « Vania (d’après Oncle Vania) », de Tchekhov, au Vieux-Colombier, à Paris, jusqu’au 6 novembre.

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