CULTURE/ madame
On » pourrait réaliser dix films sur Cousteau », selon Lambert Wilson. Mais l’acteur aura choisi la vision de Jérôme Salle dans « l’Odyssée » pour redonner vie au commandant de la « Calypso ». Outre l’évocation des innovations et des films subaquatiques de ce grand voyageur, le réalisateur croque l’homme au bonnet rouge à travers son
rapport complexe avec son fils cadet (Pierre Niney, photo), échappant ainsi au biopic linéaire et hagiographique. Rencontre avec l’interprète de l’explorateur pour évoquer cette aventure émouvante et immersive.
« Madame Figaro ». – Quelle est votre histoire avec Cousteau ? Lambert Wilson. – Je regardais religieusement ses documentaires dans les années 1960 avec mes grands-parents. Géographiquement, il y avait aussi une proximité : mes parents avaient une maison à côté de Bandol, là où les Cousteau évoluaient. Pendant toute mon enfance, j’étais sur leur terrain de chasse et j’essayais de copier leurs gestes quand je pêchais avec mon père. Mais je n’ai appris à plonger que pour le film : une libération totale ! Cette sensation d’apesanteur est extraordinaire.
C’est la nuance du portrait qui vous a attiré ?
Avant ce film, j’en étais resté à l’image d’Épinal. C’est en lisant énormément sur le personnage que j’ai découvert les zones d’ombre que Jérôme n’a pas peur d’explorer, bien qu’elles soient surtout d’ordre privé. Mais le portrait est équilibré : il y a les infidélités, les absences, mais aussi le charisme de l’homme et le pouvoir qu’il avait de nous emmener au bout du monde.
Quel est votre point de vue sur le commandant, justement ?
J’ai une grande compassion pour lui, sans doute grâce au travail que j’ai fait pour comprendre l’égoïsme ou le caractère obsessionnel de mon propre père. D’ailleurs, à l’instar de mon père, qui m’a donné le goût de l’art et du spectacle, Cousteau a, je crois, apporté l’essentiel à ses fils : l’amour de la découverte, de la liberté, du dépassement de soi… Il était bien au-delà de la figure orgueilleuse et mégalo à laquelle on le réduit parfois.
« L’Odyssée » a-t-il changé votre rapport à la nature ?
Je suis écolo depuis longtemps mais mon pessimisme est tel que mon élan militant s’était calmé. Cette aventure a provoqué un regain d’énergie pour le combat. J’ai envie de surfer sur la vague du film pour reparler de ces problématiques.
L’Odyssée, de Jérôme Salle, avec Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou.