ODILE RENAUD-BASSO
DIRECTRICE DU TRÉSOR
VOIX DOUCE, RONDEUR JOVIALE, INTELLIGENCE VIVE : la nouvelle patronne du « cerveau » de Bercy vous enveloppe de son énergie paisible. Cette énarque, qui pilote une administration puissante, forte de 1 450 fonctionnaires, tutoie tout le monde et fait la bise avant les réunions dans son bureau. « Conjuguer une famille de quatre enfants avec de hautes responsabilités vous donne un sens du concret et une efficacité redoutable », souligne-t-elle. Première femme à la tête du Trésor, elle gère des dossiers brûlants, comme le Brexit, la dette de la France ou la lutte anti-corruption à l’internationale (G20, OCDE…).
« NOUS AFFRONTONS DES RISQUES NOUVEAUX, explique-t-elle. La finance offshore a explosé, depuis les années 1980, avec la libéralisation financière. Aujourd’hui, la digitalisation de l’économie facilite l’opacité des transactions. Désormais, les instances internationales ont compris la nécessité de corriger les effets négatifs de la mondialisation, que sont la corruption, le blanchiment et l’évasion fiscale. Et de renforcer nos outils de lutte contre la fraude. La coopération entre les États augmente. Depuis la crise de 2008, la fin du secret bancaire, par exemple, a été une grande étape. » Quelle est l’origine de son engagement ?
« Il est personnel et citoyen. L’honnêteté et la droiture font partie de mes valeurs. L’enjeu est moral, mais aussi économique : la corruption freine la croissance. Une de nos études, datée de septembre 2016, montre qu’une lutte plus efficace contre la corruption augmenterait la croissance de 0,2 % par an. C’est énorme. »