“TOUTE LA FORCE DE MARIA GRAZIA EST AMENÉE AVEC UNE GRANDE DÉLICATESSE”
Maria Grazia Chiuri est la première femme dans l’histoire de Dior à diriger les collections féminines de la maison. Qu’en pensez-vous ?
En fait, j’aimerais qu’on ne me demande pas ce que j’en pense. Pourquoi s’étonner ? Maria Grazia Chiuri est à ce poste uniquement grâce à son talent et à son savoir-faire en la matière, et la question du genre ne devrait même pas être évoquée. Alors qu’aimez-vous chez Maria Grazia Chiuri, tout simplement ?
Elle a un instinct de survie très fort – comme la plupart des femmes – et elle a surtout le mérite de savoir aligner sa tête et son corps. Arrivera-t-elle à imposer ses visions dans ce monde d’aujourd’hui où tout est formaté et où les idées reçues sur le corps des femmes sont légion ? Sûrement. Nous, les femmes, sommes parfois nos pires ennemies. Trop dures avec nous-mêmes et voulant entrer dans un schéma de perfection que la société nous renvoie. J’ai été directement concernée par cette problématique. Ayant commencé très jeune dans ce métier, je n’ai pas toujours su ce qu’être une femme voulait dire. On m’a donné des rôles, fait endosser des idéaux parfois superficiels, et il m’a fallu me dégager de ces images préconcues. La femme objet, je sais ce que c’est. Il faut lutter pour être soi-même et aller vers ses désirs. C’est l’esprit que dégage Maria Grazia dans ses créations.
« We should all be feminists » a insisté Maria Grazia Chiuri lors de son premier défilé Dior. Vous sentez-vous féministe ?
Je dirais qu’il faut être non pas féministe, mais extrêmement féminine. Et amener de la douceur dans les discours, dire qu’on a aussi besoin des hommes…
Par exemple, ce qui m’exaspère, c’est la Journée internationale de la femme. Ne faudrait-il pas aussi en instaurer une pour l’homme ? Bref, faire une révolution, oui, mais plutôt dans la joie, et pas dans le combat.
Propos recueillis par Marion Dupuis