JEAN-MARC LE SCOUARNEC Toscan, le mousquetaire du 7e art
DANS LA BIOGRAPHIE QU’IL LUI CONSACRE, Jean-Marc Le Scouarnec explore avec délices la personnalité du producteur de cinéma Daniel Toscan du Plantier. Lequel, à n’en point douter, était « trop ». Séducteur, beau parleur, machine désirante jamais au repos… On l’aimait et on le détestait en même temps, comme le fit sa première femme, Marie-Christine Barrault, qui le quitta mais demeura toujours dans le clan des fidèles avec, notamment, Isabelle Huppert, dont il fut le compagnon de route alors qu’elle débutait.
Il grandit à Chambéry, dans une famille d’aristos désargentés et amers. Heureusement, il y avait Philippe, le frère adoré passionné de philo, et cinq cinémas pour le sauver de l’ennui. Après des débuts remarqués à Publicis, son amitié avec Nicolas Seydoux le propulse aux manettes de la Gaumont en 1974. Pendant vingt ans, Toscan stresse les comptables et donne vie à des films aussi différents que « Cousin, cousine », de Tacchella, « le Diable probablement », de Bresson, « la Cité des femmes », de Fellini, « À nos amours », de Pialat… Fou d’art lyrique, il est à l’origine de « Don Giovanni » de Losey, « Carmen » de Rosi, « Tosca » de Jacquot… Il défend sans relâche la France, son cinéma, l’exception culturelle, devenant une star au même titre que les acteurs qu’il aime tant. Amant d’Isabella Rossellini, de Francesca Comencini, il manque de s’effondrer en 1996 quand sa compagne, Sophie, est assassinée en Irlande. C’est l’une de ses collègues à UniFrance, Mélita Nikolic, dont la mère a été tuée quand elle était enfant, qui aidera Toscan à remonter la pente. De celui-ci, mort en 2003, il demeurera le panache d’un esthète n’ayant jamais pensé que désir, oeuvre, art. L’un des derniers à avoir dédaigné l’argent et la rentabilité. I. P.