Madame Figaro

Business : Ingrid Brochard.

ENTREPRENE­USE, PASSIONNÉE D’ART, ELLE EST LA COFONDATRI­CE DE PANOPLY, UN SITE DE LOCATION DE VÊTEMENTS DE CRÉATEURS.

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Une heure de réveil ? 5 h 55. J’aime ce calme entre-deux qu’est l’aube. Le pitch de votre poste ? Je suis

– avec Emmanuelle Brizay – la cofondatri­ce de Panoply, un site de location de vêtements griffés (Proenza Schouler, Vanessa Seward, Etro…). Dans une start-up, il faut être agile et savoir tout faire : achats, marketing, logistique, relations avec les marques et les influenceu­ses.

Des résultats à donner ici et maintenant ? Nous n’avons que quatre mois d’existence ! Notre objectif pour 2018 est d’atteindre 1 500 clientes, 80 000 locations par an, et d’ouvrir à Londres. Les clientes choisissen­t des pièces de la saison en cours, livrées par coursier, sans abonnement ou avec des formules mensuelles à 60, 120, 200 ou 320 €. Nos investisse­urs nous ont suivies avec 1 million d’euros, et nous préparons une deuxième levée de fonds.

S’il faut remonter aux origines ? Mes parents (promoteur immobilier et docteur en droit) m’ont donné une grande liberté : je pouvais tout entreprend­re à condition de le faire le mieux possible. J’avais un grand désir de découvrir le monde et peu de passion pour notre système éducatif. À 14 ans, j’ai quitté la France pour étudier à l’étranger.

Un moment décisif ? J’ai fêté ma majorité en 1994 à Hongkong, où j’effectuais un stage chez Body Shop. J’y ai rencontré des fabricants chinois de produits cosmétique­s… De retour en France, j’ai décroché un rendez-vous chez Tati pour présenter des échantillo­ns de produits sans marque : je leur ai vendu 60 000 pièces sans même avoir de raison sociale ni de ligne de crédit ! Mon père s’est porté caution, et à 19 ans j’avais ma propre entreprise…

Un obstacle sur votre route ? Les affaires prospèrent, je travaille avec les enseignes de la grande distributi­on. Mais les conditions de vie des ouvriers en Chine me dérangent. Je propose à mon fournisseu­r une prime afin qu’il la redistribu­e à ses employés. Sa réponse : « Ingrid, it’s time for you to stop business. » Je ne pouvais plus voir mes produits de la même manière, et j’ai tout arrêté.

Un changement de cap ? J’avais envie d’explorer l’univers de l’art. En 2007, je lance le magazine « BC/Be Contempora­ry » et un programme télé pour Direct 8. En 2010, je crée MuMo, un musée mobile d’art contempora­in dédié aux enfants, qui a sillonné l’Europe et l’Afrique et conquis 100 000 jeunes visiteurs (NDLR : projet développé, entre autres, grâce au mécénat du groupe Bolloré). Lors d’une conférence sur le design, je parle des nouveaux modes de consommati­on, du sharing – l’idée d’utiliser un bien à plusieurs. Par exemple, pourquoi acheter un vêtement cher pour ne le porter qu’une ou deux fois ? Le concept de Panoply était né.

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