NATHALIE RYKIEL Le livre de ma mère
Le jeudi 1er septembre 2016, au cimetière du Montparnasse, à Paris, il y avait du soleil qui créait une ambiance toute particulière, comme dans un film de Renoir. Les feuilles des arbres jouaient à cache-soleil. Il y avait du monde ce 1er septembre au cimetière du Montparnasse pour dire au revoir à Sonia Rykiel – des amis,
des inconnus, des gens célèbres, sa famille –, et des discours simples, directs et merveilleux, car les mots réchauffent les coeurs encore plus que le soleil. De la musique aussi, on aurait presque pu danser… Et là, devant nous, sa fille, Nathalie, sa si proche, son double, son autre. Elle nous parle de la vie avec sa mère, de la vie de sa mère… « Il faut avoir une musique en soi pour faire danser le monde. La musique est là, Viens ma mère-veille ma légende mon enfant mon amour, Viens maman, mets tes talons les plus hauts, tes chaussures les plus rouges, Viens, on dansera maintenant… »
La douleur est immense pour Nathalie, heureusement il reste les mots. Elle s’était déjà racontée dans « Tu seras une femme, ma fille ». Elle voulait encore tricoter des mots pour parler de Sonia, de leur relation, de leur vie. Nathalie avait défilé pour sa mère, puis mis en scène les défilés, elle travaillait pour la maison, sans être une fan de mode, et pourtant, elle observe, elle accompagne. Mais dans la boutique-bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés, il y a des livres, la mode fait bon ménage avec la littérature. Nathalie a toujours aimé les mots, les écrivains… Et là, avec la mort de Sonia, on assiste à la naissance d’un écrivain, Nathalie est passée de l’autre côté du miroir avec « Écoute-moi bien ». On découvre l’enfant, la femme, la fille. Elle décrypte avec finesse et sensibilité comment fonctionnait ce drôle de duo mère-fille. Il y a des joies, des peines, des rires et des moments de folie. Une magnifique histoire de transmission qui brutalement s’inverse avec la maladie de Sonia, petit à petit la fille se fait mère. Et il y a ce passage terrible, où Nathalie est obligée de dire à sa mère que ce jour-là elle ne pourra pas venir saluer à la fin du défilé. Des moments forts, des moments tendres pour un texte oratorio, dont la musique des mots nous rend Sonia éternelle et tellement libre, à jamais.
Écoute-moi bien,