BASTIEN VIVÈS Traits de génie
BASTIEN VIVÈS, 33 ANS ET UNE TRENTAINE DE PUBLICATIONS AU COMPTEUR, tient du prodige et de l’éclectique. On lui doit une série à succès, « Lastman », manga coécrit avec Balak et Sanlaville ; les albums « la Grande Odalisque » et « Olympia », où il a réinventé, avec Ruppert et Mulot, les cambrioleuses de « Signé Cat’s Eyes » ; et des romans graphiques remarqués, du « Goût du chlore » (Révélation du Festival d’Angoulême) à « Polina », adapté au cinéma. « Une soeur », récit d’initiation sur fond de vacances en Bretagne, renoue avec cette veine. Comme souvent chez Vivès, on s’attache à une femme. Ou plutôt une presque femme : Hélène, 16 ans, qui fascine Antoine, 13 ans. L’occasion de s’entretenir avec la star montante de la BD. « Madame Figaro ». – Comment est né cet album ? Bastien Vivès. – Après cinq ans de BD grand public en collaboration, je voulais mener un projet seul. Les éléments se sont agrégés à la façon d’un puzzle : la relation fraternelle – après la relation au père dans « Polina » et à la mère dans « Lastman » –, la Bretagne, et puis l’amour…
Avez-vous été influencé par le cinéma ?
Oui, j’ai beaucoup puisé dans les films d’auteur. « Diabolo menthe » et « La Baule-les-Pins », de Diane Kurys, pour l’ambiance – j’avais envie d’un livre très frais –, Rohmer, un peu, et surtout Claude Sautet : Hélène tient son prénom des « Choses de la vie ».
Pourquoi accordez-vous une telle place aux femmes dans votre travail ?
Quand j’ai eu ma première petite amie, à 16 ans, j’ai vraiment eu le sentiment que j’avais compris le sens de l’existence. J’étais et je reste très impressionné par les filles. Petit, j’aurais aimé avoir une soeur pour me conseiller. Alors j’en ai imaginé une… La BD, pour moi, c’est donner naissance à des filles qui n’existent pas.
« Une soeur » suggère que le dessin est aussi intimement lié à l’enfance…
Oui. J’ai toujours dessiné, mais petit, avec mon frère, c’était juste idéal. On prenait pour modèle nos jouets, on recopiait des illustrations… Le passé m’attire et je tends à m’y perdre, je suis quelqu’un de rêveur et de nostalgique. Ma BD s’en nourrit. Je dessine pour rejouer le match : et si j’avais dit ça, et si j’avais fait ça, qu’estce qui se serait passé ? Et voilà. M. T. H.