KATARINA MAZETTI Après l’amour
KATARINA MAZETTI A PRIS SON TEMPS. Elle a écrit beaucoup de littérature jeunesse avant le best-seller « le Mec de la tombe d’à côté », qui a cassé la baraque en racontant la rencontre improbable d’une citadine et d’un paysan. Elle a continué avec « seulement » trois autres romans en quinze ans. Et puis là, un recueil de nouvelles sur ce truc insubmersible qu’est le couple dans les sociétés occidentales, qu’elle ausculte à travers le divorce. L’auteur s’amuse d’une famille recomposée, d’une femme au foyer trop épanouie pour être vraie, d’une fête de séparation qui tourne à la comédie du remariage… Puis le ton se fait plus grave, et les histoires dévoilent un champ de ruines, une mélancolie poignante.
Car la liberté des moeurs a aussi engendré une grande solitude. La force de ces nouvelles, c’est de mettre l’accent sur des choses rarement abordées, comme le fait que l’on se sépare aussi parfois d’une belle-famille aimée, auprès de laquelle un rival, une rivale, va nous remplacer.
Les thèmes basiques pour autant ne font pas défaut : les femmes et leurs obsessions domestiques, certaines castratrices, les hommes égoïstes dont certains demeurent des machos pitoyables. Mais pour Mazetti, c’est plutôt cet attachement viscéral au couple, lequel n’est pourtant qu’une invention récente, qui rend tout le monde malheureux.
En mettant la barre si haut (l’amour, etc.), l’entreprise est tout bonnement irréaliste, et pourtant la séparation est vécue comme un échec terrible, une souffrance dont certain(e)s mettent des années à se remettre. Ici, une femme seule écrit des poèmes pour tromper le silence de sa maison vide ; là, une autre rédige des poèmes pour fuir sa vie conjugale. Partez ou restez, nous disent ces histoires, mais évitez le ressentiment. C’est quand l’amour séduction s’enfuit que l’indulgence pourrait faire des miracles. I. P.