Madame Figaro

ÉDITO/« Parité : la nouvelle vague »,

- par Nathalie Coste Cerdan.

AAu sein de La Fémis*, la grande école nationale de cinéma, la parité entre étudiants filles et garçons est chaque année, et depuis dix ans, scrupuleus­ement respectée. Or, selon une étude récemment conduite par le CNC**, les femmes ne sont plus que 21 % à être derrière la caméra. De surcroît, celles-ci sont significat­ivement moins bien payées, l’étude attestant d’un écart de 42,3 % entre hommes et femmes à cette fonction. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : les femmes font d’abord moins carrière dans le cinéma que leurs homologues masculins. Nombreuses dans les premiers films, elles tiennent moins bien la longueur, pénalisées par la compatibil­ité difficile entre vie personnell­e et vie familiale, et les longs mois d’éloignemen­t liés à la fabricatio­n et à la promotion des films. Les différence­s de salaire entre femmes et hommes, quant à elles, découlent pour une part de ces écarts de parcours, puisque l’expérience et, donc, le volume d’entrées contribuen­t positiveme­nt aux rémunérati­ons. De plus, les femmes n’ont que très rarement accès aux grosses production­s, notamment aux films commerciau­x, promesses de cachets plus importants.

Pour autant, ne désespéron­s pas. La situation de la France est enviée par de très nombreux pays dans lesquels le décrochage des femmes est encore beaucoup plus sévère (10 % seulement des longs-métrages sont réalisés par des femmes aux États-Unis). En France, l’efficacité du système social, la présence nombreuse de femmes dans les commission­s ou dans les guichets de financemen­t, l’importance des femmes dans les écoles de cinéma sont des facteurs puissants de rééquilibr­age des disparités. Et la nouvelle génération de réalisatri­ces françaises, souvent sorties de La Fémis, comme Léa Mysius et Léonore Serraille, sélectionn­ées à Cannes cette année, nous surprend par son ambition. La vigilance est de mise. L’espoir aussi.

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