ÉDITO/« Parité : la nouvelle vague »,
AAu sein de La Fémis*, la grande école nationale de cinéma, la parité entre étudiants filles et garçons est chaque année, et depuis dix ans, scrupuleusement respectée. Or, selon une étude récemment conduite par le CNC**, les femmes ne sont plus que 21 % à être derrière la caméra. De surcroît, celles-ci sont significativement moins bien payées, l’étude attestant d’un écart de 42,3 % entre hommes et femmes à cette fonction. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : les femmes font d’abord moins carrière dans le cinéma que leurs homologues masculins. Nombreuses dans les premiers films, elles tiennent moins bien la longueur, pénalisées par la compatibilité difficile entre vie personnelle et vie familiale, et les longs mois d’éloignement liés à la fabrication et à la promotion des films. Les différences de salaire entre femmes et hommes, quant à elles, découlent pour une part de ces écarts de parcours, puisque l’expérience et, donc, le volume d’entrées contribuent positivement aux rémunérations. De plus, les femmes n’ont que très rarement accès aux grosses productions, notamment aux films commerciaux, promesses de cachets plus importants.
Pour autant, ne désespérons pas. La situation de la France est enviée par de très nombreux pays dans lesquels le décrochage des femmes est encore beaucoup plus sévère (10 % seulement des longs-métrages sont réalisés par des femmes aux États-Unis). En France, l’efficacité du système social, la présence nombreuse de femmes dans les commissions ou dans les guichets de financement, l’importance des femmes dans les écoles de cinéma sont des facteurs puissants de rééquilibrage des disparités. Et la nouvelle génération de réalisatrices françaises, souvent sorties de La Fémis, comme Léa Mysius et Léonore Serraille, sélectionnées à Cannes cette année, nous surprend par son ambition. La vigilance est de mise. L’espoir aussi.