Madame Figaro

Portrait : Gigi Hadid, L.A. phénoménal­e.

LA PLANÈTE MODE N’A PAS LONGTEMPS RÉSISTÉ À SES FORMES ET À SON NATUREL. IDOLE DE L’INSTAGÉNÉR­ATION, ÉGÉRIE DES PLUS GRANDES MARQUES, LA BELLE CALIFORNIE­NNE EST AUSSI L’AMBASSADRI­CE DE TOMMY HILFIGER, POUR QUI ELLE A CRÉÉ UNE COLLECTION CAPSULE. ITINÉRAIR

- PAR MARION DUPUIS

LES DIRECTEURS DE CASTING N’ONTPAS TOUJOURS LE NEZ CREUX. En 2015, celui de Tommy Hilfiger déclare au créateur américain qu’une certaine Jelena Noura Hadid ne fait pas l’affaire. « Pas assez grande ni aussi mince que les autres filles », déclare-t-il. Tommy Hilfiger décide de la garder pour son défilé automne-hiver 2015-2016. Mais bien lui en a pris. Même avec un poncho couvrant son corps, le mannequin attire tous les regards. Un an plus tard, Jelena alias Gigi est devenue l’ouragan blond californie­n aux yeux de chat que s’arrachent tous les grands noms de la mode. Elle parade à la Fashion Week de New York pour Tommy Hilfiger (en bikini, cette fois-ci), Diane Von Furstenber­g ou Fendi, enchaîne avec Versace à Milan, puis avec Balmain, Miu Miu, Sonia Rykiel, Giambattis­ta Valli et Chanel à Paris. Peu de temps avant, elle inaugurait son premier défilé pour Victoria’s Secret, le Graal des top-modèles.

GIGI OU LA REVANCHE D’UNE BLONDE QUE CERTAINS TROUVAIENT TROP RONDE ? Sa success story relève plutôt d’un cocktail gagnant mixant glamour américain versant californie­n, « Secret Story » façon « Dynastie » et codes génération­nels version selfie. Une idole, certes, mais pas une divinité éloignée : c’est là tout son secret. La fille est partageuse : sa vie, son boyfriend (Zayn Malik, l’exchanteur des One Direction), ses meilleures amies (Kendall Jenner et sa soeur Bella Hadid, aussi célèbres qu’elle), sa famille (dont elle partage aussi le combat contre la maladie de Lyme qui touche sa mère, sa soeur Bella et son frère Anwar), sa santé (elle a révélé être, elle, atteinte de la maladie de Hashimoto, dont l’un des symptômes est la prise de poids)… Tout y passe.

ET SI 34 MILLIONS DE FANS la suivent sur son compte Instagram, ce n’est pas que pour contempler son visage de poupée dorée et ses courbes idéalisées. Car Gigi, c’est un peu aussi l’amie américaine, la « girl next door » à la plastique de rêve (1,78 m, 57 kg) mais à l’état d’esprit accessible. Proche de ses fans, elle partage son bonheur, ses colères, comme celles faisant suite aux critiques de certaines internaute­s sur ses rondeurs. « Non, je n’ai pas le même corps que la majorité des mannequins, rétorquait-elle sur Instagram en 2015, mais je suis une bosseuse qui est arrivée à un moment où l’industrie de la mode était prête à changer. Si vous n’aimez pas mon corps, ne me suivez pas sur les réseaux sociaux, ne me regardez pas, car je ne vais pas abandonner. » En novembre 2016, elle sera élue Mannequin de l’année par le British Fashion Council, posera nue en couverture du « Vogue » français et défilera sur tous les podiums qui comptent.

« SI ELLE A AUTANT DE SUCCÈS, RACONTE OLIVIER ROUSTEING, le directeur artistique de Balmain qui fut l’un des premiers à l’avoir fait défiler à Paris, c’est qu’elle est à la fois mode et populaire. Elle a su instaurer une certaine proximité inspirante. Gigi, c’est aussi une histoire liée à Los Angeles. Elle incarne le retour du rêve américain version côte Ouest. Elle est le reflet du soleil, de la culture musicale, de la coolitude made in Californie et des L.A. girls qui adorent s’amuser avec la mode. C’est ce côté fun et frais qui plaît autant à ses fans. À Paris, on n’a pas ce genre d’esprit… »

GIGI, UN TUBE CALIFORNIE­N ? La bombe sporty se baigne dans l’eau turquoise du Pacifique depuis l’enfance. Au lycée, elle pratique l’équitation et joue au volley-ball à la Malibu High School, où elle est scolarisée. Les plages dorées sont seulement à un bloc de cet établissem­ent huppé. La famille Hadid est un pur produit du rêve américain. Le père de Gigi, Mohamed Hadid, aime volontiers raconter qu’il est né à Nazareth, en Palestine, à cinq minutes à vol d’oiseau de l’endroit où naquit Jésus. Forcément, ça forge un destin. Le sien se jouera en Californie où il fera fortune dans l’immobilier en construisa­nt des demeures princières à Beverly Hills, Holmby Hills et Bel Air. Le riche promoteur palestinie­n a cinq enfants, Alana et Marielle d’un premier mariage, puis Gigi, Bella et Anwar d’un second, avec Yolanda Foster, ex-mannequin néerlandai­se, héroïne de l’émission de télé-réalité « The Real Housewives of Beverly Hills », dont il se sépare en 2000. À propos de ses deux dernières filles, désormais à la une de tous les magazines, il a un jour déclaré : « Il y a des milliers de filles plus belles que Gigi et Bella, mais il y en a peu qui travaillen­t aussi dur. Elles n’usurpent pas leur succès. Ça me rend fou quand j’entends qu’elles le doivent à la fortune de leur père ! » Gigi pose, elle, dès l’âge de 3 ans pour les marques Baby Guess et Guess Kids. À 16 ans, elle signe un contrat de mannequina­t avec l’agence IMG Models et participe à sa première Fashion Week à New York en février 2014 pour

Elle incarne le retour du rêve américain version cô te Ouest OLIVIER ROUSTEING

Jeremy Scott. À 19 ans , elle devient l’égérie de Gemey-Maybelline. Puis, tout s’enchaîne : elle pose pour le calendrier Pirelli photograph­iée par Steven Meisel, pour la cover du « CR Fashion Book » de Carine Roitfeld et pour la pub du parfum Velvet Orchid de Tom Ford. En 2015, Olivier Rousteing la choisit aussi avec sa soeur Bella pour incarner la femme Balmain de la campagne publicitai­re automne-hiver de la griffe. « C’était incroyable de voir comment elle prenait soin de sa petite soeur, raconte le créateur, qui ne tarit pas d’éloges sur son égérie. Elle est drôle, joyeuse, très pro, ponctuelle et humble. Elle dit bonjour à tout le monde, des assistants au portier. C’est à souligner, car toutes les mannequins ne sont pas aussi respectueu­ses. »

EN AOÛT 2016, L’INSTAMODÈL­E se lance aussi dans la création. En collaborat­ion avec Tommy Hilfiger dont elle est l’ambassadri­ce, elle crée une capsule de vêtements baptisée Tommy × Gigi. La ligne vendue le lendemain de sa présentati­on à la Fashion Week de New York fait un carton. Résultat : le styliste preppy de 66 ans et la tornade cool de 22 ans renouvelle­nt leur collaborat­ion en février dernier et poursuivro­nt pour deux saisons supplément­aires. « Gigi n’arrête jamais quand elle est passionnée », raconte le designer américain . Le jour où nous avons démarré la première collection, elle était censée rester au studio seulement deux heures. Elle y a passé huit heures pour choisir minutieuse­ment coupes, imprimés et tissus ! » Gigi, couteau suisse ? On l’a aussi découverte en humoriste improvisée imitant Melania Trump sur la scène des American Music Awards en novembre 2016 ; en reine du burger lors d’une édition spéciale de « MasterChef » où elle a été couronnée par Gordon Ramsay ; en photograph­e pour Versace dont elle a shooté la campagne publicitai­re autour de la collection capsule créée par son petit ami, Zayn Malik ; en rappeuse ultra-sexy lors d’un karaoké improvisé avec Olivier Rousteing durant le show Victoria’s Secret à Paris. « Sa carrière de topmodèle iconique va encore durer des années, prévient ce dernier. Mais elle a d’autres casquettes que la mode. » Le feuilleton Gigi ? « Ce n’est que le début d’une longue story », conclut-il.

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