SAM STOURDZÉ “À Arles, le monde comme il va, ou pas”
Depuis trois ans, Sam Stourdzé dirige Les Rencontres d’Arles, ce rendez-vous annuel, international et incontournable de la photographie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 104 000 visiteurs en 2016, dont 70 % de fidèles, et une hausse de 25 % de la fréquentation… « Cela nous fait plaisir et nous oblige », sourit-il. L’occasion de faire le point sur l’évolution du festival.
« Madame Figaro ». – Vous proposez de nouveaux lieux…
Sam Stourdzé. – C’est dans l’ADN du festival. Le public ne s’y trompe pas, il vient à Arles pour la qualité de la programmation artistique, et aussi pour découvrir des lieux magiques, souvent fermés pendant l’année, dans une ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco – des cloîtres du XIIe siècle, des églises désacralisées, Ground Control dans les anciens entrepôts de la Sernam, que nous avons inauguré l’année dernière…
Et pour cette édition, deux nouveaux blocs de maisons désaffectées : la Croisière et la Maison des peintres, à l’est de la ville.
Quelles sont les tendances de la programmation ?
Nous montrons le monde comme il va, ou pas. Avec des focus sur les scènes étrangères : l’Iran, avec une exposition exceptionnelle de soixante-six artistes ; la Colombie, avec « La Vuelta » ; l’Espagne, avec Blank Paper… Certaines propositions sont très engagées, telle l’enquête de Mathieu Asselin sur Monsanto. Nous ouvrons également une dimension plus réflective de la photographie, avec des oeuvres comme celles du Japonais Masahisa Fukase, dont nous montrons la première rétrospective en Europe. On retrouve cette tendance des photographes à ne pas vouloir accrocher de façon classique leurs photographies – ils empilent, installent… Comme Michael Wolf, qui suspend les grandes photos de son exposition, « la Vie dans les villes », dans l’église des Frères-Prêcheurs. C’est le rôle de laboratoire d’Arles : tenter, proposer, tout en ne se laissant surtout pas enfermer dans une chapelle.
Vous continuez d’élargir le festival à d’autres horizons…
C’est essentiel pour nous d’être non seulement le grand festival des photographes, mais aussi celui de tous les acteurs de la photographie : collectionneurs, curateurs, critiques, éditeurs… Ainsi, le prix Découverte s’ouvre aux galeristes. Il se présente désormais sous forme de duos, en récompensant un galeriste et un artiste émergent de moins de 45 ans. Nous allons aussi en Chine, avec le Jimei × Arles International Photo Festival, dont la troisième édition se déroulera à l’automne, avec une dimension croissante.
Les Rencontres d’Arles,