Madame Figaro

Un corps libre », par Valérie de Saint-Pierre.

- PAR VALÉRIE DE SAINT-PIERRE, JOURNALIST­E / ILLUSTRATI­ON MARC-ANTOINE COULON

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Tiens, te revoilà, toi ! On t’avait un peu perdu de vue ces derniers temps. Ce vieil ami retrouvé, c’est notre corps… Un corps que, passé l’âge des shorts en ville, l’on montre de moins en moins, sous prétexte que la mode est aux vastes pantalons larges et aux robes extra-longues. Trêve de fausse « modestie », c’est l’été, le temps du sable et des vagues, et il revient… Personnell­ement, « j’aime – j’adore ! – regarder les filles qui marchent sur la plage ». C’est un spectacle délicieux, tant s’y révèle la complexité du rapport des femmes à leur enveloppe ! Il y a les godiches, blanches et rouges, qui courent maladroite­ment vers l’eau, pressées de s’y cacher. Les jeunes déesses arrogantes, qui s’offrent un peu trop au soleil, mais leur innocence enlève le truc (et le haut aussi !). Toutes celles qui ont encore cru qu’un maillot à culotte haute était l’allié des petits bedons… Les pouliches montées en graine étrennent timidement leurs seins tout neufs. Les filles trop bien élevées nouent un paréo sur les hanches, même pour marcher cinq minutes ! Il y a parfois des fesses un peu trop dodues pour leur contenant, mais qui jubilent visiblemen­t d’être libérées… Je me sens emplie de tendresse pour toute cette culture-plage made in France, finalement si bon enfant. Et fondamenta­lement bienveilla­nte. On est très loin d’un défilé Victoria’s Secret ; une infinie diversité de variations autour de la norme « sois mince et tais-toi » s’étend gaiement sur les foutas. D’autant que chez nous les corps sont globalemen­t « bio », sans passage par le bistouri. Ils sont juste liftés par le bronzage ou embellis par la sensualité toute démocratiq­ue de l’été… Comment peut-on imaginer un instant se (nous) priver de ce plaisir !

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