DIVERTISSONS-nous!

VOILÀ DES SEMAINES QUE VOUS ATTENDIEZ ce moment. Votre première journée de vacances, votre première grasse matinée. Des mois que vous imaginiez la couleur du ciel à cet instant précis, la texture des draps, la température de l’air, la douceur de la brise qui caresse les arbres devant votre fenêtre, la sensation de bien-être et de légèreté que procurent un corps en repos et une âme apaisée. Mais très vite, la fébrilité revient : vous reprenez votre téléphone comme un enfant retrouve son doudou, vous vous inquiétez du silence, du repas du soir, de la rentrée – tous les prétextes sont bons pour ne pas céder à la tranquillité.

ET SI NOUS ÉTIONS INCAPABLES de ne rien faire ? « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre », écrit le philosophe Blaise Pascal. Quand on trime, rien de plus alléchant que l’idée de se délasser. L’heure venue, rien de plus difficile. Et partir loin n’y change rien. « Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. »

PRENONS PASCAL au sérieux. S’il nous est si difficile d’être immobile, pourquoi s’entêter ? Hyperconnectés et débordés, nous rêvons de silence et de solitude, mais nous avons tôt fait de nous ennuyer, telle Anna Karina qui, dans le film de Godard « Pierrot le Fou », déambule sur une plage sublime en gémissant : « Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire… » Les vacances sont la promesse d’une libération d’un fardeau trop lourd à porter. Comment s’en délester ?

LISONS PASCAL : il nous enseigne que la vie facile n’est pas dans le repos, mais dans le divertissement. Non pas tout couper, s’isoler et méditer, mais s’occuper et se distraire pour mieux respirer. Cessons de croire que la solution à nos problèmes se trouve dans le congé forcé, et jouons, rions, dansons ! Aux reproches de vanité et de futilité, une réponse : la sagesse consiste à savoir de quoi nous sommes faits. Et qui voudrait d’une vie sans gaieté ni plaisir ? Le divertissement, que nous sommes si prompts à railler, est le moyen assuré de vivre avec un coeur plus léger. « Sans divertissement, il n’y a point de joie. Avec le divertissement, il n’y a point de tristesse. »

SOLUTION DE FACILITÉ OU PHILOSOPHIE DE VIE ? Vous avez l’été pour décider.