Madame Figaro

MA VIE SANS MOI par Morgane Miel

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Difficile d’imaginer sans choc septique, quand tout nous pousse au contrôle permanent, le concept de « moment off ». Ce moment attendu et redouté où nous ne serions… PAS LÀ. Où notre entourage, donc, devrait se débrouille­r SANS NOUS.

HYPOTHÈSE à peine concevable, tant la sensation d’être indispensa­ble agit sur nous comme une drogue dure. Récemment amenée à me déplacer deux jours à Rome, j’hyperventi­lais. Tiraillée entre deux forces contraires – d’un côté, l’appel de la ville, son souffle chaud, ses couleurs ocre ; de l’autre, l’image de mes enfants, morts déshydraté­s, peut-être ? Ou ayant ingurgité plus de chips en vingt-quatre heures qu’une année ne peut en contenir - j’ai fini par monter dans l’avion dans un état flottant.

À PEINE ATTERRIE, surprise : non seulement j’ai eu l’impression de retrouver un cerveau, capable de concentrat­ion plus de dix minutes d’affilée (un record), mais j’ai aussi renoué avec le goût unique, mordant, de la liberté. Marcher seule, au hasard des rues. Prendre une douche sans être interrompu­e trois fois.

QUEL PIED ! De retour à la maison, une autre surprise m’attendait : mon mari, veillant à ce que chacun ait bien dîné, dansait avec les enfants – propres – dans une ambiance années 1980, version Kool & the Gang. « C’est très détendu d’être seul le soir avec eux ! » m’a-t-il lancé. Je ne suis pas bien sûre de l’avoir entendu poursuivre : « Tu devrais partir plus souvent ! » Mais je suis cent pour cent d’accord avec lui. D’autant qu’au bureau les obstacles qui me bloquaient ont disparu comme par magie en mon absence. Ma vie sans moi a l’air d’avoir fait du bien à tout le monde. On recommence quand vous voulez !

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