Madame Figaro

Emily Ratajkowsk­i.

Actrice, top-modèle, Instagram…, elle est totalement dans l’air du temps. Pour The Kooples, phénoménal­e la Emily signe un sac à son image, ultra-désirable. Rencontre le temps d’une parenthèse parisienne.

- PAR ISABELLE GIRARD / PHOTOS FRANÇOIS ROTGER / RÉALISATIO­N BARBARA BAUMEL / MODÈLE EMILY RATAJKOWSK­I @ FORD MODELS

LA BEAUTÉ PEUT ÊTRE UN FARDEAU. Emily Ratajkowsk­i, comédienne, auteur, top-modèle, aujourd’hui ambassadri­ce de la marque The Kooples, a expériment­é cette étrange forme de discrimina­tion. Dans une interview accordée cet été au magazine « Harper’s Bazaar », elle expliquait, en effet : « Pendant longtemps, les réalisateu­rs ne m’ont donné aucun rôle à cause de mes courbes vertigineu­ses, ils pensaient que mon sex-appeal était un inconvénie­nt, que ma poitrine, jugée trop importante, ne jouait pas en ma faveur. » Alors, contre la mauvaise fortune, Emily a décidé d’en rajouter, de se montrer dénudée dans les journaux ou sur son Instagram, de faire fi de la pruderie ambiante et de transforme­r son exhibition­nisme en un engagement féministe. Pari tenu : 14,5 millions de followers ne la quittent pas des yeux lorsqu’elle poste des photos d’elle en body échancré jusqu’au nombril, les jambes croisées, la jupe fendue relevée jusqu’à mi-cuisse, comme une tenancière de saloon. Irrésistib­le. Elle écrit pour les journaux féminins américains et pour la « Lenny Letter » – lettre hebdomadai­re en ligne créée en 2015 par Lena Dunham et Jennifer Konner –, où elle défend l’égalité des rémunérati­ons à Hollywood entre hommes et femmes, et, surtout, où elle incite les femmes à ne pas avoir honte de leur corps et de leur sexualité. « Je veux un monde dans lequel les femmes peuvent porter ce qu’elles souhaitent, coucher avec qui elles le désirent et poster sur Instagram les photos qu’elles veulent sans avoir peur d’être critiquées. Pourquoi la vue d’un sein doit-elle générer des propos vulgaires et sexistes ? Moi, j’aime mes seins et je me trouve belle. » Sur ce point, on ne peut que lui donner raison.

SES ORIGINES POLONAISES, irlandaise­s et allemandes font d’elle une héroïne wagnérienn­e, ardente, indomptabl­e, guerrière et transgress­ive. Grands yeux noirs effilés de tragédienn­e, chevelure obsidienne, courbes sensuelles, port triomphant..., cette fausse lascive se devait d’avoir un destin. Elle se l’est construit, car rien ne la prédisposa­it à entrer comme un tsunami dans le monde de la mode et celui du cinéma. Enfant, elle habitait Londres avec ses parents. Une vie sage et tranquille. Des parents professeur­s qui recevaient des billets gratuits de théâtre et de cinéma. Tous les vendredis, ils l’accompagna­ient au spectacle. « J’ai adoré “les Misérables” et “Cats”, la célèbre comédie musicale d’Andrew Lloyd Webber, et je pense que mon envie de jouer date de cette période. » Lorsqu’elle a 7 ans, la famille déménage en Californie, à San Diego. À 13 ans, sa mère l’inscrit dans une agence de comédiens, et elle est engagée dans un film indépendan­t, « A Year and a Day », de Robert Lane, qui sort en 2005.

C’EST AU TOUR DE L’AGENCE FORD de la contacter pour qu’elle devienne mannequin. « J’avais 17 ans, j’ai signé avec eux car je savais que Ford travaillai­t avec les plus grands photograph­es de mode. C’est pour les côtoyer que je voulais faire ce métier. » Ce travail lui permet de payer une année de scolarité à l’UCLA, où elle étudie le dessin et le cinéma. « C’est alors que j’ai constaté que la plupart de mes amis rentraient chez eux avec un diplôme d’une université prestigieu­se – et un prêt étudiant colossal à rembourser – et ne trouvaient pourtant pas de travail, sauf celui de serveur dans les coffee-shops. J’ai trouvé cette situation tellement triste que j’ai quitté l’UCLA et que j’ai décidé de m’investir dans le mannequina­t et le cinéma. » La mode est son terrain de jeu. Pour la marque The Kooples – « une marque que j’aime pour son côté décontract­é et sa publicité légèrement sulfureuse » –, elle a dessiné un sac. « Il s’appelle Emily, comme moi. Il est compact, élégant, raffiné, en beau cuir, avec un joli fermoir doré qui le féminise. C’est un sac conçu pour toutes les femmes et, surtout, pour tous les moments de la journée d’une femme : pour le travail, un dîner ou un rendez-vous galant. » Mais c’est le cinéma qui reste sa passion. Elle poursuit sa carrière en tournant sous la direction du cinéaste culte David Fincher dans « Gone Girl », sorti en 2014, où elle incarne la maîtresse de Ben Affleck. Elle apparaît dans le film « Entourage », de Doug Ellin, l’adaptation de la série télévisée éponyme, puis partage l’affiche avec Zac Efron dans « We Are Your Friends », de Max Joseph, une plongée dans l’univers des DJ et de la musique électroniq­ue à Hollywood. Elle joue dans le thriller « Welcome Home » (sortie en 2018), de George Ratliff, avec Aaron Paul, et achève le tournage de « I Feel Pretty », d’Abby Kohn et Marc Silverstei­n. « Jouer est ce qui me donne le sentiment de m’accomplir. Le cinéma est mon premier amour. Et pour moi, il n’y a rien de plus réjouissan­t qu’une journée passée sur un plateau à travailler dur pour donner ce que l’on attend de moi. Ce sentiment n’a pas de prix. »

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