ÉDITO/« La vie rêvée des hommes »,
« Franchement, si j’avais sa vie, ce serait le rêve ! » soupirait un jeune homme au sujet de Brad Pitt. Quelques jours après, l’acteur hollywoodien « à la vie idéale » divorçait, et les drames de sa vie privée faisaient les délices de la presse mondiale.
Car l’idée est tenace – à la limite de la croyance collective : quand on est beau, riche, puissant, célèbre et sexy, on est forcément… heureux ! Dès l’enfance, tout est fait pour nous faire adhérer au concept, depuis les contes de fées – ces belles princesses qui épousent des princes riches et puissants – jusqu’à la culture télévisuelle, médiatique et publicitaire, qui nous expose aux « people » et nous fait miroiter une existence dorée – hyperconsommation, plastique parfaite, notoriété et plaisirs faciles.
Aujourd’hui, plus de 50 % des jeunes entre 14 et 18 ans ont comme rêve numéro un d’être célèbre, sans autre motivation que… la célébrité. Et 61 % des Français affirment « manquer d’argent pour être tout à fait heureux ». Seules 2 % des femmes disent se sentir belles, tandis que chaque année les chirurgiens plasticiens « retouchent » des dizaines de millions de personnes.
Où ces « rêves » nous conduisent-ils ? Nous garantissent-ils réellement le bonheur ? La question omet, à mon sens, une clé essentielle : sommesnous capables de faire la part des choses entre plaisir et bonheur ? De distinguer ce qui nous procure des satisfactions – nécessaires, certes, mais passagères – de ce qui nous rend heureux en profondeur, c’est-à-dire notre base de bien-être et le sens que nous donnons à notre vie ? L’exercice est délicat, mais salutaire pour ne pas se perdre dans les illusions du bonheur.