ÉDITO/« À toute allure... », par Eva Ionesco.

U…Une expression que nous utilisions dans notre jeunesse, Christian Louboutin et moi, lorsque nous nous préparions pour nous retrouver, parés de beaux habits, à l’entrée du Palace, ce vieux théâtre rouge et or du faubourg Montmartre, à Paris, transformé en discothèque. Quarante ans plus tard, voici que nous allons le revisiter, cette fois pour un film, « Une jeunesse dorée ». Nous n’avons plus que quelques jours pour l’essayage costume d’Isabelle Huppert, nous allons faire un nouveau film ensemble, quelle émotion ! Depuis deux ans, je suis sous l’emprise d’une cape de velours noir ornée de strass Thierry Mugler que j’ai vue au Palais Galliera. Une cape voûte céleste qui me hante la nuit et m’obsède le jour ; elle est devenue la pièce maîtresse de mon film, elle me guide et ouvre le long cortège de toutes les autres robes, manteaux, capelines et fourrures qui se promènent au-dessus de ma tête. Dès que je l’ai vue, cette cape, j’ai su qu’Isabelle serait la muse de Mugler. Et voici qu’enfin nous allons, Jürgen Doering, le costumier, et moi, chez Thierry Mugler pour voir Yves Pagan, le gardien de toutes les pièces époque Palace. J’attends ce jour depuis si longtemps. Je suis bouleversée ; les robes qu’Yves nous montre sont encore plus belles que dans mes rêves et ravivent ma mémoire. Thierry est un artiste, certains modèles femmes insectes témoignent de son génie et de son goût pour le spectacle. Yves ouvre une housse ; apparaissent les pointes d’un pourpoint de velours noir ourlé de strass ayant, tout comme la cape, appartenu à la Collection russe. Il est à la taille Isabelle, 34, quelle merveille. Ce sera celui qu’elle portera lorsque nous la découvrirons au Palace, aux côtés du jeune AlainFabien Delon. Vite, je cours, j’ai rendez-vous avec mon fils et Simon dans les jardins du PalaisRoyal. À toute allure !