JOYCE MAYNARD Un si grand amour
CE N’EST PAS UN ROMAN
NI DE L’AUTOFICTION, on appelle cela un récit parce que tout est vrai, ça ressemble ici à un journal de bord, très précis, très détaillé, d’une écriture presque utilitaire, qui vise avant tout à fixer le souvenir, et pourtant on est emporté et ému au-delà du romanesque. Joyce Maynard est cette auteur américaine qui se fit remarquer, notamment, en racontant la relation amoureuse et destructrice qu’elle eut à 18 ans avec l’écrivain J. D. Salinger, l’auteur vénéré de « l’Attrape-coeurs ». Maintenant, les seventies de sa jeunesse mouvementée sont loin. Elle a 58 ans, cela fait vingt-cinq ans qu’elle est séparée du père de ses enfants et que son rêve de famille unie et heureuse dans sa ferme idyllique (avec « cascade au bout du chemin ») du New Hampshire s’est brisé. Depuis, elle a élevé ses gamins, est devenue une écrivain reconnue et une célibataire accomplie, c’est-à-dire une femme indépendante et forte comme notre époque les fabrique à la pelle… Une habituée des sites de rencontre aussi, qui enchaîne les histoires brèves et décevantes parce qu’elle ne renonce toujours pas à dénicher l’homme de sa vie. Et le plus formidable, c’est qu’il arrive !
Jim, avocat d’affaires un peu fauché, divorcé, des enfants grands comme les siens à elle, un homme intelligent et tendre qui l’aimera comme elle est, excentrique, impatiente, pas facile.
Ils voyagent, s’achètent une maison, reçoivent leurs enfants dans le refuge de Joyce au Guatemala, profitent de tout, font des projets, se marient. Le rêve est devenu réalité. Mais la vie peut être si cruelle : on diagnostique à Jim un cancer du pancréas. Le pire. Et c’est au coeur d’une lutte acharnée et souvent désespérée contre la maladie que Joyce Maynard découvre la force de l’amour qui l’unit à cet homme. Comme s’ils devenaient un seul et même être. Un texte tout en pudeur et un manifeste : l’amour existe. I. P.