Madame Figaro

Business : Yan Lan, la femme du Milieu.

LA RESPONSABL­E DE LA BANQUE LAZARD POUR LA GRANDE CHINE RELATE L’ÉPOPÉE DE SA FAMILLE DANS UN LIVRE SAISISSANT *.

- * « Chez les Yan », Allary Éditions.

Une heure de réveil ? 7 h 30.

S’il faut remonter à l’origine ? Une famille au coeur de l’histoire de la Chine. Mon livre est un témoignage sur les Yan qui, malgré tant d’épreuves, ont su garder générosité, courage, modestie et espoir…

Ces valeurs m’accompagne­nt toujours.

Des obstacles sur la route ?

J’ai 9 ans en 1966 quand débute la Révolution culturelle. En quelques mois, mon grand-père et mon père (ancien traducteur attitré de Mao) sont incarcérés, et ma mère est envoyée en camp de travail. Je suis placée dans une école pour enfants de familles en disgrâce. Tout ce que je fais depuis ne peut qu’être mieux.

Un modèle ?

Ma mère, courageuse, intelligen­te, curieuse, ouverte et confiante, même dans les moments de désespoir. Elle est restée enfermée huit ans.

Votre parcours business ?

J’ai dû attendre la fin de la Révolution culturelle et la réouvertur­e des université­s à tous, en 1977, pour commencer mes études. Puis, après une thèse sur le droit de l’arbitrage interétati­que à Genève et une bourse de chercheur associé à Harvard, j’ai décroché un stage dans un cabinet new-yorkais. En 1991, j’ai intégré le cabinet d’avocats Gide (NDLR : dont elle deviendra la première femme associée), où j’ai accompagné la réforme des entreprise­s d’État chinoises et la reconstitu­tion du système économique privé, quand le mot même de « privatisat­ion » était interdit… J’ai trouvé une autre formule :

« rendre au peuple ce qui appartient au peuple ».

Un moment décisif ?

En 2011, après avoir été avocate durant vingt ans, je décide de plonger dans le monde de la banque. J’ai hésité jusqu’à ce que je me dise qu’au pire je retournera­i à mon ancien métier. Le premier obstacle réside en soi-même : la peur de ne pas y arriver. Le challenge, c’est de la surmonter.

Le pitch de votre poste ?

Au sein de la banque Lazard, je suis responsabl­e de la Grande Chine (Pékin, Hongkong, Taïwan). Nous conseillon­s les clients (surtout chinois) pour les fusions-acquisitio­ns internatio­nales.

Il y a encore cinq ans, les Chinois investissa­ient peu à l’étranger. Maintenant, ils s’intéressen­t à tout : consommati­on, télécoms, infrastruc­tures, énergies renouvelab­les… La puissance chinoise n’est pas un danger mais une opportunit­é : un marché immense. Trouver les bonnes synergies, rendre les deux parties gagnantes en respectant les règles juridiques et culturelle­s, c’est excitant.

Ce qui vous tient à coeur ?

La parité : 60 % des postes de haut niveau de mon équipe sont tenus par des femmes. Elles sont des modèles pour d’autres en début de carrière. J’ai créé Half Sky, un club informel de networking à Hongkong. Avec les femmes de Lazard et d’autres hautes responsabl­es, on partage, on s’inspire.

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