Madame Figaro

ANNE-SOPHIE PIC L’as de la food

ELLE DÉCROCHE UNE SEPTIÈME ÉTOILE MICHELIN AVEC SON RESTAURANT LONDONIEN. ET DEVIENT LA CHEF LA PLUS ÉTOILÉE AU MONDE.

- PAR DALILA KERCHOUCHE / PHOTO LÉA CRESPI

Une heure de réveil ? À 6 h 45. Ma journée démarre avec des instants de gaieté en famille. Le pitch de votre poste ? Je suis chef propriétai­re de la Maison Pic, un restaurant trois étoiles à Valence. Et je gère la création culinaire du groupe Pic. La quintessen­ce de mon métier consiste à créer des plats et des émotions. Animée d’une curiosité insatiable, je suis à l’affût de nouveaux produits, d’alliances inédites, de saveurs surprenant­es. En ce moment, je travaille l’angélique, une plante aromatique poivrée et mentholée qui sublime les langoustin­es l’été, et que je marie l’hiver avec un gibier précoce, la grouse.

Des résultats à donner ici et maintenant ?

Le groupe compte 250 salariés, pour un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros. Il comprend six restaurant­s, à Valence, Lausanne, Paris et Londres. Avec mon mari, David Sinapian, nous développon­s la marque Pic à travers l’Hôtel Pic (cinq étoiles), L’Épicerie, l’école Scook et le Daily Pic, une cantine gourmande, à Valence.

S’il faut remonter à l’origine ? Une lignée de restaurate­urs, qui a démarré avec l’auberge de Sophie, mon arrière-grand-mère ardéchoise. Mon père, chef trois étoiles, était un ascète, méticuleux, précis, de culture protestant­e. Il travaillai­t chaque jour jusqu’à 2 heures du matin. Comme lui, j’ai parfois un dévouement profession­nel excessif.

Des obstacles sur la route ? Être une femme, doublée d’une autodidact­e. Et avoir perdu mon père très jeune, à 22 ans, à l’âge où je revenais chez lui en cuisine, à Valence, après mes études de gestion. Du jour au lendemain, je suis devenue à la fois apprentie et patronne. Trois ans après, en 1995, la Maison Pic a perdu sa troisième étoile. J’ai eu l’impression de perdre mon père une seconde fois. Mais l’adversité a nourri une grande force en moi.

La phase de transition ? Pendant douze ans, j’ai travaillé d’arrache-pied. En 2007, j’ai réussi à reconquéri­r la troisième étoile perdue en 1995. J’en ai pleuré de bonheur. Aujourd’hui, je mets mes émotions à nu dans mes créations. Cette sincérité me porte et touche mes clients.

Que voudriez-vous transmettr­e ?

Une cuisine vécue comme une expérience sensoriell­e globale. Je développe l’olfactif et le visuel, pas uniquement le gustatif. J’interroge l’évolution de la gastronomi­e pour la rendre plus accessible. J’essaie de la démocratis­er à travers l’école Scook et mes livres de cuisine.

Un uniforme mode pour une journée difficile ? Mes sneakers Stuart Weitzman : brillantes, façon léopard, en peau de serpent… Comme mes hauts sont toujours blancs et classiques, je m’offre une touche de fantaisie aux pieds !

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