KATHERINE PANCOL Une folle farandole
DEUX TRILOGIES PLUS TARD, PANCOL POURSUIT SON ÉPOPÉE BONDISSANTE sur trois générations et quantité de personnages qu’elle croque avec une dextérité à toute épreuve. Son affection pour ses héroïnes, sa capacité à inventer des situations tarabiscotées très amusantes et sa spontanéité sauve toujours sa chick lit d’un système trop bien rôdé. Surtout, elle s’ouvre par moments à une étrangeté risquée mais intéressante, comme avec ce personnage de Junior, gamin de 7 ans atteint d’une précocité phénoménale, geek et ingénieur génial qui pratique notamment la vidéo télépathique
(il parvient à visualiser et entendre une scène à distance). Alors qu’il espionne pour le compte de la belle Hortense dont, il est amoureux, il se prend d’amitié pour le jeune Tom et devient son « ami imaginaire »… À la lisière du fantastique, il y a aussi l’énigmatique Dakota, juste arrivée dans le collège de Tom, qui fait preuve d’une culture générale ahurissante, d’un caractère de cochon et cache sous un foulard une drôle de main palmée…
Par ailleurs, on retrouve Stella, la mère de Tom, toujours hantée par les abus sexuels que lui a fait subir précédemment son père, qui n’était pas son père, l’affreux Ray Valenti, mort dans un incendie ; Adrian, l’homme de Stella, bel immigré russe qui travaille dans une ferraillerie et rêve de créer sa propre boîte ; la douce Zoé, atteinte d’une générosité sans limite qui compense l’égoïsme de sa soeur Hortense, laquelle prépare son premier défilé de haute couture… Et aussi une comtesse russe bizarre, un mafieux inquiétant, une directrice de collège idiote, un patron fatigué, un héritier américain séduisant, et beaucoup d’autres ! Les intrigues s’emboîtent et se démultiplient, c’est du soap opera, et on aime ça. Pancol avait commencé sa carrière en racontant ses propres expériences de jeunesse avant de devenir cette reine indétrônable de la saga, qui ne peut plus se séparer de ses personnages, dirait-on. Nous non plus. I. P.