Madame Figaro

: nouvelles technos, SOS syndromes.

COU BLOQUÉ, RIDE DU SMARTPHONE, TROUBLES DE L’ATTENTION, DÉPENDANCE… L’HOMO TECHNICUS VIT DANGEREUSE­MENT ! FACE À CET AFFOLANT AFFLUX D’E-PATHOLOGIE­S, IL EST URGENT DE RÉAGIR. TOUR D’HORIZON DES ANTIDOTES.

- PAR VALÉRIE DE SAINT-PIERRE

LES RAVAGES PSYCHOLOGI­QUES DES NOUVELLES TECHNOLOGI­ES AU QUOTIDIEN, on commence à connaître ! Le business toujours plus florissant de la détox digitale a d’ailleurs vite réagi : on ne compte plus les applis – un comble ! – qui aident à devenir plus raisonnabl­e en cas d’addiction légère… Plus subtil car plus universel (on ne nous traite pas de malade, juste de victime innocente !) est le tout nouveau marché lié aux micro-pathologie­s physiques, elles aussi générées par cet usage abusif.

Cela fait déjà deux ou trois ans, en effet, que le monde de la beauté s’émeut de l’avènement de la « ride du smartphone », cette nouvelle venue au panthéon des vacheries de la modernité. Quèsaco ? Il s’agit tout simplement de ces sillons horizontau­x fâcheux qui apparaisse­nt sur les cous, mêmes jeunes, souvent crispés et penchés sur un écran. Le menton collé à la poitrine forme un disgracieu­x bourrelet qui finit par laisser des traces : on ne vous fait pas de dessin…

La plupart des maisons ont déjà retravaill­é et enrichi leurs soins spécifique­s pour lutter contre le « text neck » (cou du textoteur), puisque cette mauvaise habitude a déjà récolté un petit nom déculpabil­isant. Mais elles ne mentionnai­ent jusqu’alors pas forcément cette spécificit­é ailleurs qu’en réunion marketing… La seconde vague de produits ciblée sur ce type de dégâts est nettement plus précise : ainsi, la marque américaine NIA (pour Not Into Aging), liée à StriVectin, propose depuis quelques mois une ligne Tech Neck (subtil, non ?) spécialeme­nt dédiée aux millennial­s atteints du syndrome du cou flétri prématurém­ent. « Les rides ne sont pas nouvelles », note fort justement l’une des boss de la marque, Joan Malloy. « Mais la façon dont on les attrape l’est ! Savez-vous qu’en moyenne la jeune génération (des grands ados aux trentenair­es) baisse la tête vers son écran 221 fois par jour ? » Gloups ! Effectivem­ent, il est temps d’alerter notre cadette (18 ans) que, outre les cigarettes qu’elle fume contre notre avis, la textomania va vite avoir sa peau ! À voir les grimaces qu’elle fait pour allumer sa cibiche, téléphone coincé sur l’épaule avec l’oreille droite, on lui prédit d’ailleurs le pire ! Peut-être, dans un moment de largesse, lui offrirons-nous un smoothie Better Than Botox (Wild & the Moon), une salade Forever Young (Detox Delight), voire une tisane Selfie (Les 2 Marmottes) pour rattraper son cas ? Cela ne mange pas de kale d’essayer…

À moins que, comme beaucoup de jeunes Américaine­s, l’ingénue ne prenne les devants, s’en remettant dare-dare à la médecine esthétique, quitte à en faire trop. Pour Linh Pham, fondatrice du site spécialisé Le journal de mon corps, « cette attitude de prévention, couplée à l’obsession de la perfection de la peau induite par les réseaux sociaux chez les 18-25 ans, devrait beaucoup changer, dans un avenir proche, notre regard sur les traitement­s très précoces ». Et décomplexe­r complèteme­nt leur pratique chez d’autres que les Kardashian. Une clinique esthétique réputée de Lausanne, Entourage, vient d’ailleurs de lancer son abonnement Millenials : - 30 % jusqu’à 30 ans !

L’usage intensif des nouvelles technologi­es n’a pas que des conséquenc­es esthétique­s. Comme le note L’Observatoi­re Cetelem de la consommati­on : « Pourquoi pas, demain, aussi, une crème pour soulager les oreilles meurtries par les casques ou un onguent pour favoriser l’agilité des doigts sur les écrans tactiles », maintenant que ces problémati­ques de millennial­s sont clairement identifiée­s ! En attendant ces avancées (majeures !), les ostéopathe­s branchés communique­nt désormais de plus en plus volontiers sur la funeste « iposture », ravageuse pour les cervicales. Ils rivalisent (sur reflexoste­o.com, entre autres) de conseils pour éviter à tout prix les positions où la tête est penchée en avant. Si faire « oui-non » régulièrem­ent pour décontract­er sa nuque est au-dessus des compétence­s du start-uper de base, la technologi­e vient à son secours. C’est bien le moins, vu sa culpabilit­é dans l’affaire ! Un étonnant boîtier capteur (le iPosture, donc) se pose ainsi à même la peau et se met à vibrer si l’on déroge à la bonne posture de plus de trois degrés (et pendant plus d’une minute)… Mieux vaut ne pas oublier de l’ôter en cas de « date » au sortir de l’espace de coworking ! Au bout de quelques gags intempesti­fs, l’engin ira peut-être rejoindre, dans le tiroir aux gadgets vertueux de l’Homo technicus 2018, la paire de lunettes anti-lumière bleue censée éviter les maux de tête et la sécheresse oculaire… Ou ce bandeau connecté (Dreem) qui corrige à coups d’ondes sonores le sommeil perturbé des pauvres millennial­s accablés de notificati­ons. Et couper leur mobile, ils y ont pensé ?

La funeste “iposture” pour les cervicales

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