Madame Figaro

story : Olga Kurylenko.

Ex-James Bond girl, cette actrice d’origine ukrainienn­e revient en beauté dans trois films français et dans le nouveau Terry Gilliam. Pour “Madame Figaro”, elle sublime la collection croisière Dior. Tout l’art de brouiller les pistes.

- PAR CHRISTELLE LAFFIN / PHOTOS MATIAS INDJIC / RÉALISATIO­N CÉCILE MARTIN

EELLE EST DE CELLES DONT LA SEULE PRÉSENCE ET LA BEAUTÉ NATURELLE MARQUENT LES ESPRITS. Sa photogénie hors norme semble avoir été spécialeme­nt conçue pour la pellicule. Au cinéma, Olga Kurylenko sait jouer avec agilité de son image, actrice toutterrai­n aussi à l’aise dans le rôle d’une ouvrière (« l’Annulaire ») que dans celui d’une James Bond girl fatale (« Quantum of Solace », qui l’a fait connaître) ou d’une héroïne impétueuse et solaire (« À la merveille », de Terrence Malick, présenté à Cannes). À la ville pourtant, l’ex-mannequin devenue star internatio­nale préfère se fondre dans le décor. Même sa publiciste, Valérie Rosen, qui la « booke » depuis de nombreuses années pour des séances photo, peine parfois à la reconnaîtr­e. « Ce matin, je l’attendais dans la voiture et, avec son manteau blanc et son bonnet, je ne l’ai pas vue arriver », s’étonne-t-elle. Remarquabl­e par sa silhouette grande et fine, spectacula­ire, Olga ne pense pourtant qu’à éviter les regards : « Au quotidien, je m’habille de manière à passer inaperçue. Couverte, confortabl­e et tranquille… c’est ma nature. » Sa modestie est aussi attirante que ses yeux de chat d’un vert profond et sa pointe d’accent slave. À la demande, Olga sait parfaiteme­nt convoquer le glamour, d’un battement de cils, sous l’objectif de notre photograph­e, dans l’atmosphère Nouveau-Mexique d’une maison du XIe arrondisse­ment de Paris transformé­e en studio photo, entre des crânes de vache rappelant les tableaux de Georgia O’Keeffe et une immense table en bois rustique. Avec gourmandis­e, Olga Kurylenko essaie des santiags de cow-girl, des robes brodées, des vestes d’aventurièr­e de la collection croisière imaginée par Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique de la maison Dior. « C’est un vrai plaisir de retrouver l’ambiance d’un shooting. Mais ponctuelle­ment… », précise-t-elle.

Aujourd’hui interprète recherchée par Russell Crowe (« la Promesse d’une vie ») ou Tom Cruise (« Oblivion »), l’ex-top n’oublie pas ses débuts de mannequin à Paris, à 17 ans, un an après avoir été « scoutée » à la sortie du métro, à Moscou. Olga a appris le français en six mois (en lisant « le Petit Prince ») et a enchaîné les couverture­s de magazines et les campagnes, songeant déjà à une autre carrière. « Enfant, des cours de théâtre à l’école m’avaient guérie de ma timidité maladive. Mais, dans ma petite ville de Berdiansk, ni le cinéma ni la mode n’étaient envisageab­les ! » À l’Ouest, le rêve devient possible, mais en attendant son heure, cette fille unique, élevée par une maman célibatair­e et une grand-mère restées en Ukraine, travaille dur. « Je gagnais ma vie en étant modèle et je les aidais financière­ment. Hélas, je n’avais pas le temps de faire une véritable école d’acteurs. » Quelques cours à New York et une déterminat­ion sans faille la conduisent à décrocher le premier rôle d’un film français intimiste, « l’Annulaire », en 2005, puis un thriller, « le Serpent », d’Éric Barbier.

James Bond girl pour toujours ? Trop peu pour ce caméléon cosmopolit­e qui a appris le turc pour « la Promesse d’une vie », ou le mandarin pour « Empires of the Deep ». Olga cultive une filmograph­ie d’un rare éclectisme. Récemment, des comédies en GrandeBret­agne comme « Johnny English 3 », avec Rowan Atkinson (une parodie de… « James Bond »), ou le rôle déjanté d’une peste délurée dans le très attendu « l’Homme qui tua Don Quichotte », de Terry Gilliam.

DDEPUIS UN AN, L’UKRAINIENN­E NATURALISÉ­E FRANÇAISE en 2001 « par affinité profonde et gratitude pour [notre] pays » goûte l’ironie de sa situation : alors qu’elle a désormais quitté Paris pour Londres, des réalisateu­rs français lui ont proposé trois beaux projets : « Dans la brume », un film d’anticipati­on avec Romain Duris *, « les Traducteur­s », avec Lambert Wilson, et « l’Empereur de Paris », aux côtés de Vincent Cassel.

La naissance de son fils Alexandre en octobre 2015 a tout changé. L’évocation de « son petit ours » – qu’elle nous fait admirer sur son smartphone – lui fait rouler ses « r » d’émotion. « Jusqu’à présent, je l’emmenais sur les plateaux. Mais il entre à l’école. Donc soit j’abandonne ma carrière, soit j’abandonne mon fils ! » La solution ? Tourner plus près de la maison, écrire des histoires et développer des projets de production (comme « la Terre outragée » en 2012). À 38 ans, Olga Kurylenko a la vie devant elle.

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