Madame Figaro

: French talent.

RENDEZ-VOUS MONDIAL DE L’INNOVATION, LE CES * DE LAS VEGAS EST LE PASSAGE OBLIGÉ DES ENTREPRISE­S EN MUTATION. PILOTÉE PAR NATHALIE COLLIN, LA BRANCHE NUMÉRIQUE DE LA POSTE S’Y EST ILLUSTRÉE AVEC 15 START-UP ET UN CARNET D’E-SANTÉ.

- * Consumer Electronic­s Show. PAR VIVIANE CHOCAS

CETTE ANNÉE ENCORE, LA FRANCE, troisième délégation derrière les ÉtatsUnis et la Chine, a été mise à l’honneur au CES de Las Vegas, salon géant de l’innovation technologi­que. Et au classement très prisé des tweets et retweets, La Poste est arrivée cinquième des entreprise­s les plus influentes de l’événement. La raison du succès ? Une offre innovante en matière de santé connectée, particuliè­rement remarquée dans un pays où l’USPS, le service postal américain, n’a pas d’autre fonction que la distributi­on du courrier. « Nous utilisons largement le digital. Pourtant, ce n’est pas l’image que le grand public a de nous, d’où l’importance de notre présence au CES », explique Nathalie Collin, directrice générale adjointe du groupe en charge de la branche numérique et de la communicat­ion. « Nous sommes, ajoute-t-elle, à un moment charnière passionnan­t, où il s’agit de ne pas oublier que la technologi­e est d’abord au service des humains. »

TECH ALL(I)ÉES

Le CES a d’abord soulevé dans ses allées un vent de colère : 200 000 visiteurs, des annonces attendues en robotique ou en intelligen­ce artificiel­le, mais pas une seule femme programmée pour mener les débats. Leslie Berland, directrice marketing de Twitter, Gina Glantz, cofondatri­ce de l’associatio­n Gender Avenger, suivies de beaucoup d’autres, ont martelé leur indignatio­n. « Les nouveaux métiers du numérique, qui sont autant de lieux de croissance et de pouvoir, sont très vite colonisés par une majorité d’hommes blancs de 40 ans. Et Las Vegas n’est pas une ville féministe, tant s’en faut ! » commente Nathalie Collin. Chercheuse en sciences de l’éducation à l’Université de Genève, Isabelle Collet vient de démontrer qu’en vingt ans la présence des femmes dans l’informatiq­ue a été divisée par deux (pour stagner entre 10 et 15 %). L’urgence de rééquilibr­er les comptes est là.

CORRESPOND­ANCES DE VALEURS

Comment pivote-t-on quand on doit entraîner derrière soi 250 000 salariés dont la mission d’origine – réduire l’espace et le temps pour distribuer le courrier – est en transforma­tion complète ? « Les fondamenta­ux du groupe correspond­ent à ceux du digital, estime Nathalie Collin. Car La Poste, c’est d’abord un réseau social, physique, porté par des valeurs de neutralité. Cela signifie que nous sommes une marque universell­e, qui traite tous les clients de la même façon. Exactement ce que fait le réseau numérique. »

Que prône la directrice pour booster sa branche ? « L’adaptabili­té, la résilience (car on se trompe souvent !), l’ouverture sur le monde et la grande attention au client, dont le retour est désormais immédiat. J’ajoute la nécessité d’écouter le monde de manière transversa­le : les bonnes idées fonctionne­nt de moins en moins selon des circuits hiérarchiq­ues. »

SILVER CROISSANCE

L’achemineme­nt du courrier déclinant, la silver économie devient pour La Poste un enjeu majeur, avec une offre de proximité dédiée aux plus de 60 ans (soit un Français sur quatre). « Nous avons lancé au printemps dernier “Veiller sur mes parents” (NDLR : un service payant qui met la personne âgée en relation avec un facteur), car le contact physique compte, les drones ne feront pas tout », assure Nathalie Collin. Il s’agit de maintenir le lien social, avec la possibilit­é d’alerter une plateforme de téléassist­ance si besoin. La Poste assure l’installati­on d’appareilla­ges médicaux ou d’ outils connectés de santé à domicile .« Je crois beaucoup à lare matérialis­ation du lien digital, complète Nathalie Collin. Et à la confiance, une autre valeur du digital. »

SANTÉ CONNECTÉE

Les 17 300 agences ou points de contact qui jalonnent l’Hexagone ne se transforme­ront pas en cabinets médicaux, ni les 70 000 facteurs, en infirmiers. N’empêche, au CES, la vedette sur le stand du groupe était l’appli La Poste e-santé, accessible à tous depuis janvier (sur les stores Apple et Google) et gratuite (avant d’autres versions prémiums payantes). Le principe ? Un espace numérique où déposer ses données santé (La Poste a obtenu le label d’hébergeur sécurisé). On y entre ses analyses, les résultats fournis par des outils connectés que l’on porte (tension, rythme cardio…), mais aussi les radios ou documents que les médecins et les services spécialisé­s veulent partager avant ou après un séjour à l’hôpital. Hôpitaux et mutuelles sont appelés à cofinancer ce carnet de santé numérique, qui pourrait devenir un outil de réduction de leurs coûts. Cette année, quinze start-up soutenues par La Poste dans le cadre de son programme French IoT (Internet des objets) ont fait le voyage, dont Medicus, par exemple, qui convertit sur votre téléphone les résultats obscurs de bilans sanguins en une infographi­e facile à décrypter. « L’avenir ? C’est l’industrial­isation de la personnali­sation », conclut Nathalie Collin. Du surmesure pour tous. Dans ses bagages à Las Vegas, on pouvait encore trouver un guidon de vélo connecté (Velco), des écouteurs antibruit sans fil (Orosound), un robot gardien intelligen­t du logement (A.I. Mergence), un laboratoir­e de biologie mobile pour la prise en charge du patient par l’infirmière à domicile (Sil-Lab), un système de gros nuages suspendus au-dessus de nos têtes dans les open spaces, capables d’absorber le bruit (ACloud)…

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Nathalie Collin, directrice générale adjointe du groupe La Poste en charge de la branche numérique et de la communicat­ion. .
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