Défilés : haute couture printemps-été 2018.
EXTRAVAGANCES POÉTIQUES, DÉLICATESSES MERVEILLEUSES, FASTES SURRÉALISTES… NOURRIES DE LA PUISSANCE IRRÉFUTABLE DE L’IMAGINAIRE ET D’UNE INÉPUISABLE VIRTUOSITÉ, LES COLLECTIONS COUTURE ONT ENCHANTÉ PARIS.
DIOR
DANS UN DÉCOR digne d’un tableau de Salvador Dalí, avec de grandes sculptures de nez, d’oreilles ou de bustes suspendues au plafond, l’imaginaire et le fantastique s’invitent dans une collection noir et blanc, inspirée des surréalistes et, particulièrement, de la peintre Leonor Fini, amie de Christian Dior dès les années 1930. Les robes à damiers cinétiques hypnotisent le regard ; les corsets, redessinant la silhouette, évoquent les cages à oiseaux d’un tableau de Magritte ; et tout le savoir-faire des petites mains s’exprime dans des robes de bal défiant les apparences, avec des plis gansés de noir qui se feuillettent comme les pages d’un livre. La haute couture de Maria Grazia Chiuri chez Dior convoque le merveilleux.
GIORGIO ARMANI PRIVÉ
LA COLLECTION S’INTITULE « NUAGE » : des couleurs de ciel lacté et des motifs d’aquarelle viennent se poser tout en délicatesse sur les tailleurspantalons en organza, les bustiers à basques et les shorts en satin de soie. Les cols et les mini-robes en plumes, les volants bouillonnants et les capes ultraplissées bousculent ces silhouettes élégantes et nettes d’où se dégage une grâce aérienne.
CHANEL
UNE FONTAINE ET DES BOSQUETS entourés de treillages sur lesquels grimpent roses, lierre et jasmin…, la fraîcheur et la poésie du printemps ont déferlé sous les verrières du Grand Palais. Les broderies de fleurs pailletées, perlées, empierrées, strassées sont particulièrement florissantes cette saison chez Chanel et accompagnent les mini-robes bustiers voilées de tulle, tandis que le vert, le rose et le blanc pâle se posent délicatement sur l’iconique tailleur en tweed. Parfois, couleurs électriques, sequins et éclats argentés s’invitent. C’est ravissant, éclairant, moderne… et d’une virtuosité inégalée.
GIAMBATTISTA VALLI
LE COUTURIER ITALIEN aime les femmes-fleurs, mais n’hésite pas à leur faire porter des cuissardes avec leurs mini-robes de cocktail rebrodées de bouquets précieux, ou des chaussons plats de ballerine avec leurs robes du soir en organza drapé ou en dentelle résille. Le noir, le blanc et les couleurs pétales s’invitent aussi dans cette délicate rêverie à la mélodie parfois rebelle.
ALEXANDRE VAUTHIER
AVEC LEURS CUISSARDES EN VINYLE, leurs pantalons bouffants de cosaque en cuir lipstick rose, leurs micro-robes noires graphiques aux décolletés troublants, les femmes habillées par Alexandre Vauthier ont l’allure conquérante, flamboyante, fatale…, remarquable en tout point. Une haute couture nerveuse, ultraglamour, au sexy suggéré, à la féminité sublimée.
ELIE SAAB
FOURREAUX COUSUS de pierres, de sequins et de broderies Art déco, robes scintillantes soulignées d’un grand noeud de soie, bouquets de plumes opulents qui s’agitent au moindre souffle sur les poignets ou dans le cou, la haute couture Elie Saab évoque le glamour des Années folles. Avec cette collection « Paris est une fête », c’est tout le faste et l’allégresse des soirées mondaines des années 1920 qui resurgissent. Pour autant, la relecture du couturier libanais n’est pas littérale, avec ces silhouettes modernes, assurées et sexy, pensées pour des femmes qui voient la vie en grand.
GAULTIER PARIS
PSYCHÉDÉLIQUE, futuriste chic et ultra-tonique…, cette saison, Jean Paul Gaultier rend hommage à Pierre Cardin à travers une collection aux accents sixties et eighties aux effets optiques noir et blanc graphiques, entrecoupés de couleurs électriques. Les coupes sont acérées, l’allure glamour et les classiques bousculés avec la dextérité chère à Gaultier. En finale, la mariée, en robe tornade asymétrique en jacquard lamé, brodée d’un coeur noir esprit carte à jouer, s’avance avec à ses côtés son clone format petite fille. Bluffant !
VALENTINO
DES COULEURS TORRENTUEUSES (rose acide, vert menthe, violet, jaune poussin), des imprimés de fleurs géantes (marguerites, anémones, tulipes) et des chapeaux à plumes déments créés par Philip Treacy…, la haute couture de Valentino a fait l’effet d’un tsunami poétique. Et si ses références se rapportent à celles du siècle dernier, Lady Duff Gordon en tête, elle n’en reste pas moins empreinte de modernité avec ses trenchs, débardeurs, pantalons ou cabans côtoyant robes fourreaux, capes volantées ou manteaux à traîne dans une déferlante de beauté assumée.
GIVENCHY
DERRIÈRE LES PERSIENNES, un clair de lune illumine les salons des Archives nationales de Paris. Dans cette pénombre cinégénique, l’éblouissante première collection couture de Clare Waight Keller chez Givenchy, intitulée « Mystère d’un jardin de nuit », déploie toute sa poésie. Le charme opère avec ces silhouettes structurées à la beauté lyrique. Les contrastes sont forts dans les jeux de matières, de masculin-féminin, d’épure stricte confrontée à une folle fantaisie. Un manteau ivoire est chahuté par une frange de plumes en marabout rouge orangé, peintes à la main, sur une jupe longue de mousseline blanche. Un trenchcoat en latex nude côtoie une délicate robe du soir nuageuse en soie. Un songe d’une nuit d’été.