Décryptage : Salon international de la haute horlogerie.
Le temps du réenchantement
Au moment de donner le coup d’envoi du Salon international de la haute horlogerie en janvier dernier, sa directrice générale, Fabienne Lupo, a placé son discours sous le signe de l’éclosion. Effectivement, entre l’arrivée d’Hermès, qui a quitté la Foire de Bâle pour le SIHH de Genève, le dynamisme du Carré des horlogers, réunissant dix-sept représentants de la nouvelle horlogerie, et la kyrielle de nouvelles collections, l’atmosphère générale est au renouveau. D’ailleurs, les 20 000 visiteurs accueillis représentent une hausse de 20 % par rapport à 2017.
Des cadrans aux bracelets – désormais interchangeables avec systèmes ad hoc –, une vague de bleus règne sur les stands. La poudre d’aventurine outremer, un quartz contenant des inclusions de cuivre, permet ainsi de porter une nuit étoilée au poignet. À l’image de la Lady Arpels Planetarium, à travers laquelle les horlogers de Meyrin fusionnent poésie et haute horlogerie, en offrant une rotation réelle de Mercure, de Venus et de la Terre, et une étoile filante venant donner l’heure. Présente sur la somptueuse Rotonde Mystérieuse de Cartier, la Saxonia de Lange & Söhne, la Kalparisma de Parmigiani, mais aussi la Cat’s Eye de Girard-Perregaux, l’aventurine enveloppe les garde-temps d’une aura fascinante. Un sentiment qui prévaut face aux montres bijoux de Piaget dont les
RICHE DE TRENTECINQ EXPOSANTS, CETTE 28E ÉDITION ILLUSTRE L’ATTRAIT CROISSANT DU SALON POUR LES MARQUES. TOUR D’HORIZON D’UN CRU PROMETTEUR.
cadrans en lapis-lazuli, opale ou turquoise, sont magnifiés par des bracelets en or ouvragé pour rappeler la fourrure, le givre ou les veines du bois. Le tout nouveau chapitre horloger de la collection Possession est aussi très abouti. Magnétique, la montre anniversaire des cent cinquante ans d’IWC dévoile un cadran laqué bleu marine, dont l’affichage digital original rend hommage aux modèles de poche. Un format que Montblanc propose avec une édition limitée à cadran bleu-violet en dumortiérite – la déclinaison de la Star Legacy en chrono à finitions bleuies convainc autant. Attendus, les deux nouveaux petits diamètres de la RendezVous de Jaeger-LeCoultre, désormais disponible en 34 mm et 29 mm, succombent eux aussi aux charmes du bleu, tout comme l’espiègle One & Two de Speake-Marin, la montgolfière voyageuse de Vacheron Constantin, l’intrigante Freak Vision d’Ulysse Nardin, la deux aiguilles Venturer Blue Lagoon de H. Moser & Cie ou la chicissime Carré H d’Hermès. Ciselée dans un lézard donnant l’illusion d’une seule pièce, la montre rivalise d’élégance avec l’Arceau Casaque à cadran bleu Majorelle laqué et texturé de chevrons. Dans un registre plus musclé, les teintes turquoise rythment la Royal Oak Offshore d’Audemars Piguet, qui fête ses 25 ans, la Luminor Due de Panerai, déclinée pour la première fois en 38 mm de diamètre, ou encore la futuriste H0 de HYT.
Annoncées comme masculines, de nombreuses nouvelles lignes devraient être vite détournées vers les poignets féminins. À commencer par la Santos de Cartier, à bracelet en acier interchangeable, mais aussi la Maestro Mamba de Christophe Claret ou la Baumatic de Baume & Mercier. Pour celles qui aiment briller, l’astucieuse Élégante de F.P. Journe se sophistique d’une version entièrement sertie, quand Audemars Piguet anime la Royal Oak Concept d’un tourbillon volant et Cartier enroule un triple bracelet d’or à sa Panthère, irrésistible en version mini. Elle n’accepte qu’une seule concurrente : la tortue automate de MB&F et son oiseau chanteur dont les trilles s’accordent à merveille avec les huit créations joaillières du jardin Van Cleef & Arpels.