DANIEL DAY-LEWIS Clap de fin
Dix ans après « There Will Be Blood », Daniel Day-Lewis retrouve Paul Thomas Anderson pour « Phantom Thread », long-métrage que l’acteur de 60 ans annonce comme le dernier de sa carrière. Il y arbore le noeud papillon d’un couturier londonien des années 1950 qui jette son dévolu sur Alma, serveuse provinciale étrangère au milieu de la mode, qui deviendra sa muse et sa compagne. Un beau couple de cinéma, sophistiqué et complexe, pour un thriller psychologique et romantique qui l’est tout autant.
LES ADIEUX D’UNE ICÔNE.
S’il ne fallait qu’une raison pour aller voir le nouveau film du réalisateur de « Magnolia » et « Inherent Vice », ce serait son acteur qui, une fois de plus, prouve son exigence dans le choix de ses rôles. Avec seulement vingt films dans sa filmographie, le Britannique a déjà raflé trois oscars du meilleur acteur pour « My Left Foot », « Lincoln » et « There Will Be Blood », et pourrait à nouveau y prétendre avec ce personnage charismatique d’artiste mégalo et monomaniaque, pervers narcissique à ses heures perdues.
LES COULISSES DE LA MODE.
Ancré dans la haute bourgeoisie anglaise et l’industrie de la mode, plus particulièrement dans l’atelier du créateur, « Phantom Thread » est d’une renversante beauté visuelle. Afin de jouer ce couturier inspiré par l’Espagnol Balenciaga, Daniel Day-Lewis a d’ailleurs scrupuleusement étudié le style des années 1940 et 1950 et appris à fabriquer des vêtements sous la houlette du directeur des costumes du New York City Ballet. Célèbre pour son investissement dans le travail de préparation, la star a même poussé ses recherches en confectionnant une robe pour son épouse.
LA RÉVÉLATION D’UNE ACTRICE.
Exister face à Daniel Day-Lewis n’est pas tâche facile. Mais Vicky Krieps, Luxembourgeoise de 34 ans récemment vue dans « le Jeune Karl Marx », lui tient la dragée haute en femme a priori inoffensive qui fera pourtant vaciller les certitudes et le caractère dominant de son pygmalion. À travers elle et le personnage de la collaboratrice et soeur dominatrice du héros (Lesley Manville, despotique et retors), Paul Thomas Anderson s’offre même quelques notes d’humour caustique bienvenues dans cet univers feutré et rigide, dans lequel la romance se fait progressivement vénéneuse.
Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson, avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps…