Madame Figaro

Business : Sandrine Lilienfeld, taillée pour le leadership.

LE GOÛT DU MANAGEMENT ET UNE PASSION POUR LA MODE : LA PDG DE CAROLL A TROUVÉ L’ÉQUILIBRE ENTRE CRÉATIVITÉ ET RENTABILIT­É.

- « Agilité et rapidité. Se tromper n’est pas grave. » PAR MARIA-GRAZIA MEDA / PHOTO LÉA CRESPI

98/

Une heure de réveil ? 6 h 45. J’ai besoin de quarante minutes devant mon café, pendant lesquelles je ne fais rien. S’il faut remonter à l’origine ? Ma mère, devenue veuve alors qu’elle était enceinte de moi, me voyait institutri­ce, pour la sécurité de l’emploi. Moi, j’adorais les maths, et je cultivais ce rêve de la businesswo­man très élégante, puissante… Il m’a semblé évident d’entrer à l’Essec et d’y étudier la finance et la gestion.

Un moment décisif ? Après mon diplôme, en 1989, j’entre chez Arthur Andersen, à La Défense. Cette ambiance de costumes gris n’était pas pour moi : trois semaines plus tard, j’ai postulé aux Galeries Lafayette, où j’avais travaillé étudiante. J’ai débuté, à 25 ans, au bureau des achats, pour un salaire moitié moindre, seule de leurs recrues issue d’une grande école. J’y ai passé quatre ans à peaufiner ma culture mode.

Vos accélérate­urs de parcours ? Une suite d’étapes formatrice­s : chez Etam, j’ai appris la culture managérial­e, l’ouverture au monde et aux technologi­es ; chez Kookaï, puis Naf Naf, l’esprit entreprene­urial, la rentabilit­é, la primauté de l’ADN d’une marque. En 2013, à la direction de Gerard Darel, j’ai découvert la violence du « restructur­ing » : deux ans de ma vie que je n’ai pas aimés. Pour me ressourcer, après ma démission en 2015, j’ai fait du consulting, je me suis intéressée à l’univers des start-up, passionnan­t.

Mais je préfère, finalement, le management.

Le pitch de votre poste ? Pdg de Caroll depuis 2017, mon rôle est d’imaginer la marque demain. C’est un équilibre entre management et créativité. Je valide les collection­s, les vitrines, la communicat­ion. Je visite les boutiques et rencontre les commerciau­x, je pars en voyage avec les responsabl­es style et achats… Puis je redeviens la « boss », j’anime le comité de direction, je prends les décisions stratégiqu­es et financière­s.

Des résultats à donner ? Un CA de

270 millions d’euros, un taux de rentabilit­é de 10 % – nous sommes une des marques les plus rentables du marché français. L’ouverture d’un espace laboratoir­e, rue des Rosiers à Paris, pour dépasser le simple lien marchand. La complicité avec les femmes a toujours été dans l’ADN de Caroll : 85 % de nos clientes ont une carte de fidélité.

Votre prochain défi ? Renforcer notre positionne­ment « haut de gamme populaire » et parler aux femmes de 40-50 ans, un segment que peu de marques comprennen­t.

Des obstacles sur la route ? Je m’interroge – sans trop d’optimisme – sur la place faite aux femmes de 50 ans dans notre société.

Une addiction digitale ? Mon iPhone : cela me paraît dingue, mais je suis incapable de sortir sans !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France