DANSE de caractère
Un rideau fait de bandes noires et blanches, puis sur la scène, de grandes figures colorées, des cercles, des carrés, des rectangles en mouvement comme pour accompagner la musique. Des costumes aux tissus qui volent, virevoltent, des matières souples aux couleurs vives de comédies musicales. Une histoire d’amour inspirée d’un roman grec, l’histoire du berger Daphnis et de la belle Chloé qui sera enlevée (et retrouvée), et, bien sûr, la musique légère, merveilleuse et enveloppante de Maurice Ravel que lui avaient commandée Michel Fokine et Diaghilev pour ses célèbres Ballets russes. Peu de chorégraphes contemporains ont l’audace de créer un ballet sur l’oeuvre complète. Benjamin Millepied s’empare de cette « symphonie chorégraphique » et gagne son pari en nous emportant dans cette harmonie musicale, visuelle et enchantée. En demandant à Daniel Buren de signer la scénographie, il continue la belle tradition de l’Opéra de Paris d’associer les créateurs, comme lorsque Picasso réalisa des décors pour Serge Lifar. L’entente est parfaite, tout s’anime, les danseurs semblent s’envoler vers un avenir heureux, les pas de deux dégagent une formidable sensualité, une joie bondissante et communicative avec quelques clins d’oeil malicieux au pur classicisme avec ses danseuses sur pointes. On pense à Balanchine et aussi à Jerome Robbins pour ce cocktail fait d’amour, de joie et de sincérité. Et cette soirée Ravel nous propose aussi le mythique « Boléro » chorégraphié par Maurice Béjart. Plus qu’une soirée, un double événement.
« Daphnis et Chloé » et le « Boléro », jusqu’au 24 mars, à l’Opéra Bastille, à Paris. operadeparis.fr