Madame Figaro

Le luxueuseme­nt correct…

L’INDUSTRIE DU LUXE S’IMPLIQUE TOUJOURS PLUS DANS LES PROBLÉMATI­QUES ÉTHIQUES ET ÉCOLOGIQUE­S. COUP DE COM OU VIRAGE PRAGMATIQU­E ?

- PAR MARION DUPUIS

DURABLE ET CHARITABLE

Faire preuve de sensibilit­é pour la planète et l’humanité serait-il du dernier chic ?

Au vu des initiative­s engagées récemment par le secteur du luxe, la réponse est oui. Dernières en date ? LVMH, qui fête cette année les 25 ans de sa direction de l’environnem­ent, vient d’annoncer qu’il doublerait dès 2018 son fonds carbone interne. Kering promet, lui, de réduire de 50 % ses émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2025. Travaillan­t aussi sur le versant éthique, les deux groupes ont signé en novembre une charte sur les relations de travail et le bien-être des mannequins. Les opérations caritative­s en faveur des plus démunis se poursuiven­t, notamment en ligne – la Love Chain de Dior, par exemple –, et la protection des bêtes n’est pas en reste. Après la pionnière Stella McCartney, de nombreuses griffes – Calvin Klein, Ralph Lauren, Giorgio Armani, Gucci, Michael Kors – renoncent à la fourrure.

UNE VRAIE VALEUR AJOUTÉE

Le luxe, en quête de respectabi­lité tous azimuts ? « On ne peut plus taxer ces actions de philanthro­pie “paillettes”, comme l’avait fait WWD il y a dix ans, explique Cécile Lochard, consultant­e experte luxe et développem­ent durable. Certes, le milieu du luxe a été l’un des derniers secteurs à communique­r sur le sujet, car l’image moralisatr­ice associée aux problémati­ques écologique­s ou éthiques n’était pas vraiment glamour. Mais les stratégies liées aux enjeux planétaire­s et sociaux sont devenues une vraie valeur ajoutée totalement assimilée au sein des maisons, un passage obligé vers la modernité. D’ailleurs, d’après l’étude Meaningful Brands du groupe Havas, 70 % des marques qui n’incluent pas le développem­ent durable dans leur charte sont vouées à disparaîtr­e dans les prochaines années. »

RESPECT !

La faute aux millennial­s, nouvelle obsession des griffes de mode. Surinformé­s et bien plus sensibilis­és que leurs aînés, ils préfèrent désormais au culte du secret transparen­ce et traçabilit­é. « Ils accèdent à des vidéos chocs, comme celles de l’associatio­n de protection animale L214, qui font le buzz, poursuit Cécile Lochard. Ce qui explique aussi la lame de fond des prises de position contre la fourrure. Pour la jeune génération, le luxe vertueux est un véritable mouvement d’innovation. » Prenez les incubateur­s centrés sur le développem­ent durable, par exemple : ils se multiplien­t comme des petits pains au sein des grands groupes. « Le luxe a une énorme responsabi­lité sur ces enjeux, car c’est un milieu influenceu­r, qui doit donner l’exemple, expliquait Marie-Claire Daveu, directrice du développem­ent durable et des affaires institutio­nnelles internatio­nales chez Kering, lors du Sommet du luxe et de la création. Mais notre engagement n’est pas seulement éthique.

Car si l’on ne se soucie pas de préserver les écosystème­s, on risque aussi de perdre les ressources naturelles qui servent à fabriquer les produits. » Chic, philanthro­pique, mais aussi pragmatiqu­e.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France