CÉLINE ALVAREZ PAR CYNTHIA FLEURY *
JE ME MÉFIE DE LA COLÈRE. Certes, c’est un acte de rupture. Une boussole intime qui nous pousse, à un moment donné, à dire non. À refuser tout compromis avec l’inacceptable. Mais elle peut aussi se révéler contre-productive, se retourner contre celui qui la ressent et nourrir un sentiment d’impuissance ou nihiliste. Ce qui m’intéresse dans la colère qui semble animer la pédagogue Céline Alvarez, c’est qu’elle est salvatrice. On le sait, notre système éducatif est sclérosé. Nos manières d’apprendre sont rigides, fermées. Nous sommes fébriles devant l’innovation.
DANS SA CLASSE de Gennevilliers, près de Paris, Céline Alvarez a eu le courage d’expérimenter de nouvelles méthodes. Par exemple, démarrer l’apprentissage de la lecture dès la première année de maternelle. Permettre aux enfants de bouger, d’apprendre avec leur corps, d’utiliser tout leur circuit neuronal de la main à l’esprit. Les spécialistes en neurosciences l’affirment : c’est essentiel pour favoriser l’apprentissage. On le sait, mais on ne le fait pas. Céline Alvarez est sortie de la colère pour construire une méthodologie solide. Son combat est d’autant plus épatant qu’elle le partage avec le plus grand nombre. Ses travaux participent à faire bouger les lignes : le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, souhaite expérimenter de nouvelles méthodes d’apprentissage. L’éducation est un enjeu de transformation capital. Et nos enfants sont ce qu’il y a de plus précieux.