L’alchimie de la confiance »,

Pourquoi l’enfant de deux ans va-t-il vers l’inconnu que ses parents ont invité à dîner ? Parce qu’il a confiance en lui ? Ou parce qu’il a confiance en les autres ? Pourquoi l’adolescente Madonna Louise Ciccone, jusque-là si discrète, a-t-elle dansé avec tant de liberté et de fougue lors du ballet de fin d’année de son école ? Parce qu’elle avait confiance en elle ? Ou parce qu’elle avait confiance en son professeur de danse, qui venait de lui dire des mots qu’on ne lui avait jusque-là jamais dits ? Pourquoi un écrivain ose-t-il montrer son premier texte à un auteur qu’il admire ? Parce qu’il a confiance en lui ? Ou parce qu’il a confiance en la rencontre ? Pourquoi une jeune entrepreneuse s’aventure-t-elle dans un projet audacieux ? Parce qu’elle a confiance en elle ? Ou parce qu’elle a confiance en l’action ? Et tous ces sages qui abandonnent le confort de l’existence pour vivre dans le dénuement, tous ces mystiques qui gardent confiance jusqu’au fond du malheur ou de l’adversité… Ont-ils confiance en eux ? Ou avant tout en la vie ? La confiance en soi est toujours, en même temps, une confiance en autre chose que soi, ou en plus que soi. Bien sûr, nous pouvons prendre confiance en développant nos compétences, notre savoir-faire, notre maîtrise technique. Mais la vie ne se répète pas ; elle sait parfaitement déjouer les pronostics. Autrement, elle ne serait pas la vie. Pour gagner en confiance, l’acquisition d’une compétence ne peut donc suffire. Il manque les deux autres facettes de la confiance en soi : la dimension relationnelle (confiance en les autres) et la dimension mystique (confiance en la vie). Avoir confiance en son savoir-faire, confiance en les autres et confiance en la vie : ces trois dimensions s’entrelacent dans toute confiance, et font son alchimie. Ainsi comprise, elle n’est ni la simple réassurance ni l’arrogance : avoir confiance en soi, ce n’est pas être sûr de soi ; c’est trouver la force d’y aller dans le doute.