KARINE TUIL “On vit un moment très fort”
Quelles figures féminines vous ont influencée ? Simone de Beauvoir d’abord, en particulier son livre « le Deuxième Sexe », qui a été un choc. Susan Sontag ensuite, dont la puissance intellectuelle a toujours été une référence. Des écrivains comme Virginia Woolf, Toni Morrison, Marguerite Duras, Annie Ernaux, mais aussi, parmi celles de ma génération, Virginie Despentes ou Maggie Nelson. Juriste de formation, j’ai été inspirée par Simone Veil et Gisèle Halimi. Ma mère aussi, qui m’a fait comprendre que la lecture ferait de moi une femme libre.
Où en est aujourd’hui la libération des femmes ? On vit un moment très fort. Pour la première fois, les femmes osent parler, raconter ce qu’elles ont enduré : le harcèlement, les agressions, le sexisme. Et ce n’est que le début…
Une de vos héroïnes s’inscrit-elle à vos yeux dans un mouvement d’émancipation ?
Ce sera le cas des héroïnes de mon prochain roman. Dans mes livres, les personnages féminins sont parfois faibles, soumis aux hommes.
Ce sont des femmes qui tentent de s’affranchir. Nina, dans « l’Invention de nos vies », par exemple ; ou encore Marion Decker, cette journaliste de guerre, dans « l’Insouciance », qui reprend le contrôle de sa vie après avoir vécu plusieurs drames.
La littérature possède-t-elle un pouvoir spécifique sur cette émancipation féminine ?
La littérature possède tous les pouvoirs.
Les livres peuvent changer la société. Nous sommes le produit de nos lectures.