ÉDITO/« Génération innovation », par Charlotte Cadé.

GC’est curieux comme notre génération ne tient plus en place et comme, en quelques années, elle s’est complètement désolidarisée de celle de ses aînés. Lorsque je pense à l’intérieur de mes grandsparents, par exemple, je me rends compte que tout y est statique. Leur fauteuil crapaud dont, petite, je m’amusais à tresser les franges, est resté cloîtré dans un coin précis de leur chambre, sans jamais en bouger. Un peu comme le grand miroir de l’entrée qui, lui aussi, a trôné d’année en année sur son mur et ne l’a jamais quitté. C’est l’adage de toute une génération : chaque chose a sa place et rien ne sort de son cadre. Alors, oui, il y a un côté rassurant à cela, mais je crois que notre génération vit quelque chose de bien plus excitant. J’aime me dire que, maintenant et en l’espace d’une heure, je peux shopper sur Internet un tout nouveau canapé, déguster un plat de qualité livré à mon bureau et, l’instant d’après, skyper avec ma soeur qui vit à l’autre bout du monde. C’est fort, quand même. D’autant plus fort que notre génération ne veut pas simplement aller vite et repousser les limites, elle veut donner du sens à ce qu’elle fait et achète, et se soucie de la qualité et du savoir-faire.

C’est dans cet état d’esprit que j’ai créé Selency. Je voulais que chacun puisse y trouver le fauteuil crapaud de sa grand-mère et se le faire livrer chez soi sans avoir à bouger d’un iota. Que ce fauteuil trouve sa place dans une déco moderne et épurée. Qu’il y brille par son côté unique et qu’il reflète la personnalité de son acheteur. Je voulais que ce dernier s’engage dans une démarche responsable. Et qu’il puisse, quelques mois plus tard, vendre son crapaud à un autre chineur s’il le souhaitait, offrant ainsi une seconde vie à ce fauteuil. Je voulais, enfin, remercier notre génération de toujours repousser les limites de l’innovation. Grâce à elle, la déco, dans un effet miroir, s’offre un nouveau visage : le nôtre.