JOËL DICKER L’art du suspense
APRÈS « les Derniers Jours de nos pères »,
« la Vérité sur l’affaire Harry Quebert » – qui rafla la mise avec trois prix (dont le Grand Prix du roman de l’Académie française et le Goncourt des lycéens) –, puis « le Livre des Baltimore », le prodige des lettres suisse poursuit sa saga américaine au mieux de sa forme. Situé à Orphea, une petite station balnéaire des Hamptons jusque-là bien tranquille, le roman met en scène non plus une famille, mais une ville entière.
Si vous avez raté le début : été 1994, la famille du maire de la ville et une joggeuse qui ne faisait que passer sont sauvagement assassinées. On croit connaître le coupable, il se tue en échappant à la police… L’affaire est classée. C’est compter sans la ténacité d’une journaliste, Stephanie Mailer, qui, à l’été 2014, a la ferme intention de livrer d’autres conclusions, exposant au grand jour ce qu’à l’époque la police avait laissé passer. Mais Stephanie disparaît, les crimes reprennent de plus belle, et tout le monde soupçonne tout le monde. Sur fond d’intrigue policière, Joël Dicker maîtrise à merveille un scénario à suspense. Il aime mettre ses personnages (et ils sont nombreux) au bord du gouffre pour mieux les y voir sombrer. Chacun y va de sa propre version pour mieux nous balader entre fausses pistes et rebondissements. Pour ceux qui oublieraient au fur et à mesure les noms des personnages et leur interconnexion, le livre est fourni avec une antisèche, bien utile au début. Car Joël Dicker, c’est une variation exponentielle d’Agatha Christie. Là où la dame anglaise mettait en scène « seulement » dix petits nègres, Joël Dicker, sur un rythme infernal, joue avec des dizaines de personnages. Haletant ! V. G.