Madame Figaro

DÉPASSER L'IMPOSSIBLE

À 28 ANS, VALENTINE COLASANTE VIENT D’ÊTRE NOMMÉE DANSEUSE ÉTOILE. PORTRAIT D’UNE ARTISTE FRANÇAISE QUI A SU TROUVER SA PLACE ET DÉPASSER SES LIMITES.

- par Valentine Colasante

Valentine Colasante, Parisienne aux origines italiennes, était une petite fille débordante d’énergie. À 8 ans, elle intègre l’école de danse de l’Opéra de Paris, mais la découverte de la rigueur de la formation la fait douter. Finalement, la passion la rattrape : elle ne peut pas passer une journée sans danser. À un âge où l’on ne pense qu’à jouer, Valentine apprend à se dépasser sans cessei: “À 10 ans, je ne pensais qu’à surpasser mes limites corporelle­s et mentales.”

UN DÉCLIC SUR SCÈNE

Elle obtient son premier rôle à 21 ans, mais Valentine Colasante reste première danseuse pendant plusieurs années. Au fil du temps, elle essaie de comprendre pourquoi elle ne parvient pas encore à atteindre ce lâcher prise qui définit les grandes danseuses: “Je suis très fragile et sensible, j’ai tendance à mettre une armure. Je pensais qu’il ne fallait pas montrer mes faiblesses sur scène. Certes je faisais de bons spectacles, mais je ne prenais pas de risques.” Le déclic survient finalement avec Le Sacre du printemps de Pina Bausch, pour lequel Aurélie Dupont, directrice du Ballet de l’Opéra de Paris, lui confie le rôle de l’Élue.

UNE ÉMOTION QU’ELLE PENSAIT IMPOSSIBLE À ATTEINDRE

“J’étais en larmes, je ne contrôlais plus rien, comme si j’étais en transe.”

Un moment charnière pour la jeune femme qui parvient ce jour-là à dépasser ses limites, et à exprimer l’émotion qu’elle pensait impossible à atteindre: “C’est un ballet contempora­in où on est mis à nu au sens propre comme figuré. Ça été une expérience incroyable et déterminan­te. J’étais en larmes, je ne contrôlais plus rien, comme si j’étais en transe. À partir de ce moment là, j’ai compris que ce n’était pas bon de se barricader, en particulie­r dans le domaine artistique où j’évolue.” Une exigence et une volonté de se dépasser qui ont permis à Valentine Colasante de remplacer au pied levé le premier rôle dans le Ballet Don Quichotte, et ainsi de réaliser son rêve de petite fille : être nommée danseuse étoile.

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© Marie Bouhiron

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