Madame Figaro

Défilés : hymne au réalisme magique.

Dior a transformé les écuries du château de Chantilly en arène mexicaine pour présenter son défilé croisière 2019. Show onirique, ode féministe : Maria Grazia Chiuri signe ici une de ses collection­s les plus réussies.

- PAR MARION DUPUIS

Elle a convié des cavalières mexicaines dans les grandes écuries de Chantilly. Invoqué l’âme de « la Maison aux esprits », le roman culte de la romancière chilienne Isabel Allende. Et délivré une collection au diapason, aussi fabuleuse que désirable et portable. À l’image de ce réalisme magique incarné par les plus grands écrivains de la littératur­e sud-américaine, Maria Grazia Chiuri a fait de ce défilé croisière un moment d’intense poésie. Le décor, d’abord. Le 24 mai dernier, alors que la nuit tombait et que s’abattait un orage diluvien sur Chantilly, les invités étaient accueillis dans l’arène des grandes écuries du domaine sous un millier de guirlandes de « papel picado », dont les motifs graphiques évoquent la dentelle de Chantilly. Le spectacle, ensuite. Huit « escaramuza­s », ces cavalières traditionn­elles mexicaines

qui revendique­nt, au même titre que les hommes, le droit d’exécuter la « charreada » (une pratique équestre d’épreuve en public), s’élancent sur la piste. Enfin, la collection. Chaussées de bottes caoutchout­ées, les mannequins défilent autour de l’arène, les cheveux plaqués en queue-de-cheval . Elles avancent fièrement dans leurs volumineux jupons en tulle noir, blanc, kaki ou brodés de rayures ou de motifs colorés d’inspiratio­n mexicaine, la taille corsetée par de larges ceintures en cuir. Elles portent aussi bien des chemises masculines ornées d’une fine cravate noire que des dentelles superposée­s sur des robes ou des blouses délicates. Elles revendique­nt leur liberté dans des vestes cintrées ou des corsets de cuir noir. Et mixent avec beauté grand classique français et exotisme raffiné, comme pour ces manteaux et pièces en toile de Jouy dont les motifs d’animaux sauvages (tigre ou serpent) font écho à l’inspiratio­n rodéo de la collection. Une allure subtilemen­t complétée par des bijoux talismans, des sacs selles Saddle ou des cabas version mexicana qui, loin de tomber dans le cliché, donnent envie de les avoir tout de suite au bras. Une collection forte et spirituell­e dont le point de départ, le concept de sororité, apporte toute sa particuliè­re beauté. De celle qui célèbre, comme le souligne Maria Grazia Chiuri, « tous ces mouvements et expression­s d’un sentiment partagé et toutes ces batailles qui, livrées ensemble, garantisse­nt le succès ».

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Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de Dior, entourée des mannequins de la collection croisière Dior 2019.
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 ??  ?? DÉTAILS CLÉS 1. Queue-de-cheval catogan. 2. Toile de Jouy sauvage. 3. Bijoux talismans.
DÉTAILS CLÉS 1. Queue-de-cheval catogan. 2. Toile de Jouy sauvage. 3. Bijoux talismans.
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