Madame Figaro

LIFESTYLE/Évasion : la Villa d’Este.

LOIN DES PLAGES BLING-BLING, LE MYTHIQUE PALAZZO DU LAC DE CÔME INVITE À LA DÉCONNEXIO­N ET OFFRE UNE DES MEILLEURES TABLES D’ITALIE.

- PAR MARIE-CATHERINE DE LA ROCHE / PHOTOS BERNHARD WINKELMANN

ELLE A L’ÂME HOSPITALIÈ­RE, comme on le dit des belles dont l’oeil frise aux premiers mots doux. Et ici « tout parle d’amour », se pâmait déjà Stendhal en escale dans ce palazzo lacustre. Car si le lac de Côme est un séducteur-né, la Villa d’Este en est le roman. Une love story aux cinquante nuances de bleu. L’indigo du Lario (le lac est parfois appelé ainsi par les Italiens) miroitant sous le démon du soleil de midi. Un soleil à l’ardeur ingénument tempérée par le feuillage des arbres de la somptueuse terrasse de la Villa, trait d’union entre le ponton et la piscine flottante où ciel et lac se confondent en des noces de saphir. Ou encore le bleu turquoise des yeux de Sharon Stone se laissant aller au basic

instinct d’un Bellini et d’amuse-bouche alertement troussés par le chef Michele Zambanini. Il y a aussi le bleu souverain de ses hôtes aristocrat­iques : Albert, roi des Belges, Beatrix, reine des Pays-Bas, Sonja, reine consort de Norvège… Ici, la cour se fait sans façon. Elle a son jardin et ses gloriettes. Et son rond de serviette à la Veranda, le restaurant gastronomi­que où le meilleur de la cuisine italienne s’acoquine avec les vins locaux : barolo, barbaresco, ou un nebbiolo descendu à flanc de montagne pour mieux faire exulter les verres.

Et que dire du bleu de chauffe des passions tumultueus­es dont la Villa a le secret. À commencer par les « gourmandis­es » du marquis Calderara (il acquit le lieu en 1784), dont la plus célèbre fut la ballerine Vittoria Peluso, dite La Pelusina. Ses fêtes et banquets voyaient accoster des cargaisons de jeunes gens chamarrés, tandis que les souliers de satin résonnaien­t dans les couloirs menant aux chambres. Puis il y eut Caroline, épouse au tempéramen­t de feu du futur George IV d’Angleterre, devenue propriétai­re en 1814. Tout le lac bruissait de ses errances avec un certain cavalier coursier trop présent, et de ses agapes galantes taxées

d’orgies par les Anglais, à qui elle tenait porte close. Pure médisance ! Et, depuis cent quarante-cinq ans que la Villa est hôtel, combien de bluettes Belle Époque, puis d’amourettes de la jet-set, se donnant rendez-vous au Grill, et, la nuit venue, à l’Este Club, cette éternelle séductrice n’a-telle abrité ? Les lourds rideaux de velours de ses chambres, ses lustres à pampilles, l’Éros et l’Amour en marbre de Carrare du salon Flora, l’Adam et Ève du Bar Canova, les fantasmago­ries et nymphes de son jardin aux folles essences et plantes odoriféran­tes – cueillies du matin pour émoustille­r les assiettes – ont vu s’aimer Franz Liszt et Marie d’Agoult, Onassis et la Callas, Frank Sinatra et Ava Gardner, Michael Douglas et Catherine Zeta-Jones… Autant de couples mythiques donnant à cette villa sur le lac un irrésistib­le pouvoir érotique. On pourrait encore citer Bruce Springstee­n, Madonna, Robert De Niro, George Clooney, qui vient en voisin (lire encadré), la styliste Donna Karan, l’acteur Kenneth Branagh : tous ont le coeur qui bat pour cette bellissima. Mais qui pourrait résister à son charme magnétique ? et à ses plaisirs de bouche ? Alfred Hitchcock y tourna son premier film : The Pleasure Garden (Le Jardin du plaisir). Un titre qui va comme une rose à la boutonnièr­e à cette élégante, aussi somptueuse que délicieuse.

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 ??  ?? RAFFINEMEN­TLe chef Michele Zambanini dirige une brigade de quarante personnes qui accueille la clientèle, du petit-déjeuner au dîner, dans les trois restaurant­s et les quatre bars que compte la Villa.
RAFFINEMEN­TLe chef Michele Zambanini dirige une brigade de quarante personnes qui accueille la clientèle, du petit-déjeuner au dîner, dans les trois restaurant­s et les quatre bars que compte la Villa.
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