LE GANG CAROLINA RITZLER *
“L’ambiance est sérieuse tout en restant joyeuse”
POURQUOI TRAVAILLER ENTRE FILLES ?
CAROLINA RITZLER. – Ce n’est pas vraiment un choix mais plutôt le fruit du hasard. D’abord, celui de ma rencontre avec Narjisse (la CEO de l’entreprise) au cours d’un déjeuner chez des amis, à New York. Ensuite, celui des recrutements. Même si la mode est un secteur d’activité qui attire davantage les filles, nous ne sommes absolument pas opposées à l’idée d’intégrer des profils masculins et de diversifier notre gang, au contraire. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS D’UNE TEAM FÉMININE ?
C. R. – Il y a un côté grande famille à travailler entre filles. Contrairement aux idées reçues, l’ambiance est sérieuse tout en restant joyeuse, il n’y a pas de mauvaise compétition mais plutôt une grande solidarité. En cas de rush ou de pression, notamment pendant les périodes de collection, les filles s’entraident assez spontanément, ce qui serait peutêtre moins évident entre garçons. Quoique… Ce qui caractérise notre équipe 100 % féminine ? L’empathie dont chacune fait preuve. Mais aussi la confrontation enrichissante des différentes générations (la plus jeune de l’équipe a 22 ans, la senior, 46 ans). Chacune apprend de l’autre. Selon l’ennéagramme (test de la personnalité), nous avons deux profils altruistes, deux perfectionnistes-réformatrices (dont Narjisse), une battante et une optimiste, moi. C’est aussi cette alchimie qui fait la différence. QU’APPORTE À L’ENTREPRISE LE FAIT D’ÊTRE UNE FEMME ?
C. R. – Je dirais la capacité à exprimer plus facilement une intelligence émotionnelle dans un cadre professionnel.
LA SORORITÉ EST-ELLE UNE FORCE ? C. R. – La solidarité est une valeur capitale de notre culture d’entreprise. Travailler dans un climat d’ouverture et de partage augmente le niveau d’engagement des collaborateurs, tout le monde y gagne, à condition que le manager montre l’exemple. CE QUE LES HOMMES POURRAIENT EMPRUNTER AUX FEMMES ?
C. R. – De l’humanité et de la solidarité, et peut-être un peu plus de remise en question. COMMENT VOTRE GANG
EST-IL PERÇU À L’EXTÉRIEUR ?
C. R. – Lorsque j’ai créé ma marque, seule, en 2014, il n’a pas été aisé de convaincre les ateliers de fabrication, gérés par des hommes. J’étais une femme, novice dans le métier, et avec une demande qui semblait extravagante : monter une combinaison de garagiste dans une laine froide de costume d’homme. Mais le résultat fut tellement extraordinaire qu’ils m’ont vite prise au sérieux.
* Label de mode. De gauche à droite : Louise Vallet (responsable studio), Narjisse Temmim (CEO), Carolina Ritzler (directrice artistique), Tatiana Terrassoux (business developer), Ghizlaine Bousselham (digital communication manager) et, assise, Nawel Si Ahmed (responsable achats et production).