Madame Figaro

L’ÎLE SAUVAGE de Lenny Kravitz

- PAR PAOLA GENONE

Je me suis libéré de mes propres chaînes », lance l’icône rock avec un sourire radieux qu’on ne lui connaît pas.

La star couronnée de quatre Grammy Awards de la meilleure prestation masculine vocale de rock et aux 40 millions d’albums vendus se dépasse dans ce Raise Vibration à l’énergie contagieus­e. Rencontre à Paris.

Madame Figaro. - Raise Vibration est gorgé de la sensualité de Marvin Gaye, de la puissance d’Ornette Coleman, du mystère de David Bowie, des imparables cris dans l’aigu de Michael Jackson…

Lenny Kravitz. - Oui ! Ces cris sont bien les siens ! J’ai produit l’une de ses chansons et j’ai utilisé des bribes restées dans mes tiroirs. Quant aux autres, je les ai tous conviés ! Je suis musicaleme­nt schizophrè­ne et ancré dans mes racines. J’ai du sang amérindien et, sur un morceau, on entend des chants indiens que j’ai enregistré­s dans une réserve. Ce disque est pour moi une méditation, une libération : je l’ai fait à Eleuthera, une île des Bahamas, où j’ai créé un studio, Gregory Town Sound. Mon grand-père est né sur une île à 50 miles de là.

Vos textes sont politiquem­ent et socialemen­t engagés. Êtes-vous en révolte ? Bien sûr ! Je suis le fils d’un père blanc et d’une mère noire. Je suis né à une époque où les couples interracia­ux étaient pointés du doigt. À l’école, j’étais surnommé le Zèbre et mes parents, Mr. Jour et Mrs. Nuit. Lors de mes premiers concerts, je lissais mes cheveux et je portais des lentilles bleues. J’ai fait du chemin depuis… Je pensais que nous avions dépassé tout cela, mais nous revenons en arrière ! Mes chansons parlent aussi du réchauffem­ent climatique, de la malbouffe…, de tous les maux de notre époque auxquels nous devons faire face.

Le magnifique clip de Low est signé Jean-Baptiste Mondino.

Quelle importance prend l’esthétique dans votre art ?

Immense. Enfant, j’adorais me métamorpho­ser : j’ouvrais l’armoire de ma mère et j’essayais ses gilets en fourrure, ses colliers africains, ses ceintures à franges… Je n’ai jamais cessé ce jeu : je fais des croquis de mes costumes, coiffures, piercings, tatouages… Dans ce clip, Mondino a non seulement capturé une identité esthétique qui raconte mon histoire, mais il a aussi su rendre la musique visuelle, le rythme palpable. On m’y voit jouer de la batterie avec une jeune musicienne américaine, Jas… Je veux continuer à jouer, tout en laissant la place aux jeunes.

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