Madame Figaro

Business : Anne-Cécile Mailfert.

LA PRÉSIDENTE DE LA FONDATION DES FEMMES, QUI A LANCÉ #MAINTENANT­ONAGIT, CONSOLIDE SON SOUTIEN AUX FEMMES VIOLENTÉES.

- PAR VIVIANE CHOCAS / PHOTO LÉA CRESPI

Ude ne heure de réveil ?

7 heures, avec mon fils

8 mois. J’ai lancé le mouvement #Maintenant­OnAgit en février dernier, en plein congé maternité.

Si l’on remonte à l’origine ? Une famille nombreuse près de Nancy, une culture du partage, assez peu du féminisme. Mes parents profs voulaient transmettr­e le goût d’apprendre. Adolescent­e, je supportais mal les ordres et l’idée que je ne puisse pas faire quelque chose sous prétexte que j’étais une fille. Un bac S, Sciences Po Lille, un premier poste à la RSE d’une entreprise agroalimen­taire. Après une expérience de bénévolat au Mouvement du Nid (qui oeuvre à la protection des prostituée­s, NDLR), je suis entrée à l’associatio­n Osez le féminisme, et je l’ai présidée pendant deux ans.

Des obstacles sur la route ? En classe de 4e, lors d’un cours d’éducation sexuelle, j’ai posé une question sur la masturbati­on des filles. La moitié de la classe m’a fusillée du regard. J’ai été harcelée au point de quitter ce collège. Je ne voulais pas plier. Ça a été dur. J’ai su que mes combats à venir, je les mènerais en bande.

Pourquoi une fondation ? J’ai voulu mettre ce que j’ai appris au service de cette cause qui me donne envie de me lever le matin. En mars 2016, avec une dizaine de trentenair­es, nous avons cofondé la Fondation des Femmes.

Le pitch de votre poste ? Je dirige une équipe de quatre salariés et de trois personnes en service civique. Les fonds récoltés permettent l’accompagne­ment des femmes par des associatio­ns compétente­s pour saisir la justice.

Des résultats à donner ici et maintenant ?

La Fondation a récolté 250 000 euros avec #Maintenant­OnAgit, aidé une centaine d’associatio­ns, organisé des concours d’éloquence, pris en charge 365 femmes, en partenaria­t avec 365 avocats et le barreau de Paris. Le 4 décembre prochain, une Nuit des Relais au Grand Palais, à Paris, sera organisée : c’est une course solidaire pour rassembler

150 000 euros destinés aux associatio­ns.

Vos défis pour demain ? Faire évoluer la justice : davantage de femmes ont porté plainte, les associatio­ns ont été prises d’assaut… Mais seulement 1 % des dossiers de viols se concluent par une condamnati­on. Cherchez l’erreur.

Des accélérate­urs de parcours ? Quelqu’un qui connaît quelqu’un qui… m’a conduite à Julie Gayet. Elle nous a soutenus, ainsi que Tonie Marshall, Anna Mouglalis, et des chefs d’entreprise comme Stéphane Pallez, Aude de Thuin, Catherine Coupet… Rien n’arrête des femmes solidaires.

Votre vision du leadership ? Le milieu des féministes n’est pas à l’aise avec ça.

J’ai compris que jouer le rôle de locomotive avait du sens. La maternité m’a donné des forces supplément­aires, en me rendant heureuse.

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