Le courage, c’est le coeur »,
Les chiffres sont tombés. Effarants. En 2018, on compte dixhuit millions de nouveaux cas de cancer dans le monde. Des « cas » qui sont autant de parents, d’enfants, d’amours, d’amis.
Alors que notre système de santé essaie, tant bien que mal, de s’adapter au raz-de-marée, que les politiques multiplient les palinodies sur l’interdiction de tel cancérigène, le peuple des malades invente, expérimente. Construit.
Quel courage chez eux ! Ne vous y trompez pas : le courage, ce n’est pas la lutte contre le cancer – le corps n’est que le théâtre dévasté d’une guerre qui le dépasse. Non, le vrai courage, c’est de lutter contre l’abandon de soi-même. Ne pas capituler face à la peur. À la douleur. Le courage, c’est « la victoire sur la terreur, la fuite changée en assaut », écrit Vladimir Jankélévitch. Le courage, c’est le coeur.
Et ils en ont du coeur, les patients ! Ils prouvent que la « démocratie sanitaire » n’est pas simplement d’autorisation – quelques votes dans des administrations —, mais un exercice vivant, quotidien. Ainsi, la première mission de Rose, association créée par des journalistes malades, était d’informer avec rigueur et indépendance. Nous pensions que dans une démocratie il ne saurait y avoir, d’un côté, des « sachants » (médecins), et, de l’autre, des moutons. Mais des citoyens. Ainsi sont nés Rose Magazine (180 000 exemplaires) et son site *, première source d’information des patientes.
Nos lectrices ont alors refusé l’avenir étriqué qui leur était dévolu. Avec elles, nous nous sommes élevées contre l’iniquité des assurances bancaires et avons porté une loi sur le droit à l’oubli devant les Assemblées – avec succès. L’imaginaire peut être radical. Affranchies, ces femmes se sont dressées : elles parlent du cancer sans tabous, investissent les réseaux sociaux, créent des spectacles, des entreprises. Écoutez-les : elles sont résilientes, ferventes. Elles connaissent la valeur du moindre souffle de vie. La fuite changée en assaut, vous dit-on.