Madame Figaro

Un certain REGARD…

Très loin des artifices, la beauté, pour Dominique Issermann, est un ressenti, un saisisseme­nt, un mystère. Récit d’une journée particuliè­re et confidence­s d’une artiste totale.

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«Je suis habillée et coiffée de la même façon depuis 1980, je ne me maquille pas et suis allée une fois dans ma vie dans un institut de beauté… » Celle qui tient ces propos est l’une des plus grandes photograph­es françaises, elle a sublimé les plus belles femmes du monde pour la mode et la publicité. On se souvient, entre autres, de ses portraits intimes et sensuels d’Isabelle Adjani ou de Catherine Deneuve ; de ses campagnes pour Sonia Rykiel ou pour Coco Mademoisel­le de Chanel, avec Kate Moss et Keira Knightley ; ainsi que de ses films publicitai­res où même Bob Dylan apparaît pour Victoria’s Secret ; de ses photorepor­tages au Portugal pendant la Révolution des oeillets. Elle a également signé une douzaine de clips pour Leonard Cohen, qui lui a dédié son célèbre I’m Your Man… Et c’est en voyant la magnifique monographi­e en noir et blanc de Laetitia Casta, réalisée aux Thermes de Vals, que Madame

Figaro a eu envie de lui confier ce Spécial beauté.

RACONTER UNE HISTOIRE

« Souvent, dans les séries beauté, la femme est découpée en tranches, explique-t-elle. Or, je souhaitais montrer que la beauté, c’est aussi autre chose, de plus global, de plus personnel. C’est un rayonnemen­t, une émotion et un cheminemen­t, toujours en mouvement. » Dominique avait aussi une envie de nature, de forêt, de raconter une histoire, un peu un conte de fées. « D’ailleurs, ce fut une journée un peu magique, confie-t-elle. Au parc de SaintCloud, il faisait beau, on a installé des enceintes au pied du taxi anglais, Grace ressemblai­t à un elfe et a chanté pour nous. Tout s’est passé de façon très poétique, un peu irréelle. » Dominique Issermann dit faire beaucoup de plans, puis fonctionne­r à l’instinct. Elle cherche la beauté du geste, de la lumière, de la situation. « Pour moi, la photo, c’est comme la méditation, un exercice zen, une plongée en soi. J’oublie tout ce qu’il y a autour, je ne vois rien, je n’entends rien, comme dans une transe. »

GRACE ET MOI (ÉMOIS)

Grace ? C’est la mannequin américaine Grace Hartzel, que l’oeil de la pro avait repérée. « Elle est très jeune, mais elle a une très forte personnali­té, commente Dominique. En plus, elle chante avec beaucoup de talent. Elle est spontanée, naturelle, inventive et relax. Elle a joué le jeu à fond. J’aime son visage de chat, avec un côté enfantin. Elle me fait un peu penser à Anna Karina (Dominique Issermann a aussi travaillé avec Jean-Luc Godard, NDLR), Jane Birkin et Björk… Elle me rappelle aussi mes tops fétiches, Anne Rohart ou Susie Bick Cave. »

UN STYLE UNIQUE

Dominique Issermann se soucie peu de lutter contre les effets du temps. « Je ne m’occupe pas assez de moi, même si je fais de plus en plus attention à ma santé. Par exemple, j’essaie de ne pas prendre trop de poids, mais je craque pour le chocolat bio équatorien Terra Etica, à 53 % de cacao, c’est mon seul secret de beauté. J’essaie de tout réparer en allant au sauna, au hammam. » Même si elle ne coupe jamais ses longs cheveux d’or et s’habille toujours en noir depuis l’âge de 14 ans, elle considère que prendre soin de soi est une forme de politesse, une sorte de création. « J’aime les gens dont le style devient l’allure d’une vie. » La féminité ? « Si seulement je savais ce que c’est. Ma seule certitude, c’est que la femme idéale n’existe pas. Enfin, j’espère… » M. L.

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