Madame Figaro

CULTURE/madame Photo, théâtre, expo, cinéma, musique, spectacle…

- PAR ANNE-CLAIRE MEFFRE

Parce qu’il est urgent de donner aux artistes féminines la visibilité qu’elles méritent, cette année, le ministère de la Culture et Paris Photo ont décidé de mettre les femmes photograph­es à l’honneur. Ils ont confié le projet à Fannie Escoulen, commissair­e d’exposition indépendan­te qui fut directrice adjointe de 2007 à 2014 du BAL, lieu parisien dédié à l’image contempora­ine. Celle-ci a établi un parcours cent pour cent féminin dans cette grande foire annuelle de la photo au Grand Palais et hors les murs, au fil des multiples exposition­s parisienne­s, sans oublier une journée de conversati­ons, le 8 novembre.

Comme David Lynch ou Karl Lagerfeld les années précédente­s, elle a choisi chez les galeristes de Paris Photo une centaine d’images pour autant d’artistes. Une bonne façon de visiter la foire autrement.

Madame Figaro. – Comment avez-vous procédé ?

Fannie Escoulen. – J’ai fait un choix, très libre, conduit par un désir d’images. Ce sont des coups de coeur, des images fortes, emblématiq­ues. Je suis partie du contenu de la foire, des propositio­ns des galeries ; ce n’est pas un travail d’historienn­e qui relirait l’histoire de la photograph­ie par le prisme des femmes. Y a-t-il une chronologi­e ?

Le parcours dans Paris Photo est géographiq­ue, d’une galerie à l’autre, mais j’ai voulu tisser un fil chronologi­que pour donner une vue d’ensemble. La sélection va d’une image de 1865 de la pionnière qu’est Julia Margaret Cameron, chez Hans P. Kraus Jr., à une photograph­ie de Viviane Sassen, de 2018, chez Stevenson. De grands ensembles se dégagent : les années 19201930, avec des images surréalist­es comme celle d’Anna Barna chez Vintage, les années 1960-1970, et aujourd’hui. À côté des grands noms – Lisette Model, Vivian Maier ou Francesca Woodman… –, j’ai été surprise par le nombre d’artistes peu connues en France qui méritent qu’on les redécouvre, comme Joan Lyons, l’image du parcours, qui a un solo show chez Steven Kasher.

Des tendances se dégagent-elles ?

Les questions du corps, de l’autoreprés­entation, de l’intérieur et de l’invisibili­té restent prédominan­tes. Il y a beaucoup de natures mortes, comme chez Margaret Watkins, la première photograph­e publicitai­re, représenté­e par Robert Mann, ou Jan Groover chez Klemm’s, qui a fait de la domesticit­é une oeuvre. Avec les années 1970 arrivent les grandes figures de l’art féministe, comme Ulrike Rosenbach, chez Priska Pasquer. Et enfin le travail sur la matière : Ulla Jokisalo, chez Taik Persons, coud sur ses images, Anaïs Boudot, chez Binome, travaille avec de la feuille d’or.

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 ??  ?? A Criminal Action, d’Ulrike Rosenbach (1970).
A Criminal Action, d’Ulrike Rosenbach (1970).
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Last VIII, d’Agnès Geoffray (2009).

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