Madame Figaro

Métropolit­ain, par Marc Lambron.

- par Marc Lambron ILLUSTRATI­ON STÉPHANE MANEL

ÀLyon, remise du dixième prix Lumière à Jane Fonda. Dans une salle de trois mille places, après Clint Eastwood ou Catherine Deneuve, la star blonde est honorée pour l’ensemble de sa carrière. Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière, fait office de Monsieur Loyal. Comme l’actrice des Félins aime Piaf et Brel, Vincent Delerm chante

Mon manège à moi et Nolwenn Leroy, La Quête. Dominique Blanc lit un extrait du Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir. On est en séance d’exorcisme Weinstein devant un parterre très Nuit des César, avec Claudia Cardinale et Lambert Wilson, Valeria Bruni Tedeschi et Vincent Perez, Régis Wargnier et Jean-Paul Rappeneau. Puis Jane Fonda monte sur la scène, éblouissan­te, tant l’addition chez elle de huit décennies semble une soustracti­on. L’actrice de Klute badine en français, fait huer Trump, puis entonne La Rue des Blancs-Manteaux, paroles de Jean-Paul Sartre et musique de Joseph Kosma. La militante que fut « Hanoi Jane » ne demande qu’à réveiller son profil radical chic dans un automne lyonnais.

Le lendemain, il incombe à Jane Fonda de diriger un remake de La Sortie des usines Lumière, le premier film de l’Histoire. Avant elle, Pedro Almodóvar ou Martin Scorsese se sont livrés à l’exercice, sur le site même où fut posée la première caméra, car l’entrée de l’usine existe toujours. Au brunch qui précède, je me trouve assis à la même table que Danièle Thompson et une nièce de Roger Vadim, Nathalie Lafaurie. Arrivent Catherine Schneider et Jane Fonda, qui furent les épouses du cinéaste et sont restées très amies. Tout en avalant des huîtres, amusante discussion où elles comparent leurs anciens rapports avec leur commune belle-mère. On est en famille. Puis Lady Jane, comme portée par l’esprit du lieu, se met à réciter en français : « Baise m’encor, rebaise-moi et baise / Donne m’en un de tes plus savoureux /Donne m’en un de tes plus amoureux / Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise. » Il s’agit de baisers : le fameux poème de Louise Labé, poétesse lyonnaise du XVIe siècle ! Récité à Lyon par Barbarella ! Respect, Madame.

Suit le tournage. Jane Fonda demande à ses figurants de luxe, parmi lesquels Rossy de Palma, Costa-Gavras, Véronique et Jean-Loup Dabadie, de sortir de l’usine en levant le poing et en jetant des chapeaux en l’air, comme si les ouvrières de l’usine Lumière venaient de gagner un combat syndical au terme d’une longue grève. La caméra tourne. Tiens, cela me rappelle quelque chose. Des opprimés, une usine, des luttes syndicales ? Pour son premier film lyonnais sur le site du premier film, la fille de Henry Fonda refait une scène des

Raisins de la colère !

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Jane Fonda.

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