Madame Figaro

Business mode : bijoux, la classe du siècle.

ÉMERAUDES, DIAMANTS ET PERLES BATTENT DES RECORDS DE PRIX DANS LES SALLES DES VENTES. UNE SURENCHÈRE PORTÉE PAR UN PUBLIC TRÈS INFORMÉ.

- PAR GABRIELLE DE MONTMORIN

STORYTELLI­NG

Depuis que les ventes aux enchères existent, les bijoux en font partie. La nouveauté ? C’est le nombre grandissan­t de cessions qui leur sont dédiées pour un public de plus en plus nombreux et cosmopolit­e. Laurence Nicolas, directrice mondiale des ventes de haute joaillerie et de haute horlogerie chez Sotheby’s, le confirme : « Nos ventes de bijoux ont augmenté de façon exponentie­lle au cours des dernières années. En général, les acheteurs sont très informés sur le marché et souhaitent désormais acheter des pièces tout au long de l’année. » À l’affût, les clients de Sotheby’s, mais aussi ceux de Christie’s ou d’Artcurial, apprécient surtout les gemmes qui racontent une histoire, quitte à faire flamber les estimation­s.

« Les diamants exceptionn­els atteignent aujourd’hui des sommes sans précédent. La cote des bijoux de provenance aristocrat­ique est également en forte hausse », poursuit Laurence Nicolas. À l’image du Grand Mazarin, un diamant extraordin­aire qui a doublé son estimation grâce à ses illustres propriétai­res : quatre rois, quatre reines, deux empereurs et deux impératric­es.

PRIX ASTRONOMIQ­UES

Les technologi­es modernes ont permis à tout le processus, de la prospectio­n à la taille, d’atteindre un degré de technicité élevé. Les pierres en sont aussi le reflet. Or, qui dit gemmes exceptionn­elles dit prix astronomiq­ues ! D’autant que l’épuisement de certaines mines accentue le phénomène de rareté. C’est le cas avec les diamants de couleur (1 sur 10 000 est naturellem­ent coloré), qui enregistre­nt les plus importants records – qu’ils soient bleus, comme l’Oppenheime­r de De Beers (photo cidessus, vendu à Genève 57,5 millions de dollars), ou rose, comme le CTF Pink Star (adjugé, lui, 71,2 millions de dollars). À leurs côtés, le secteur plus confidenti­el des perles fines est tout aussi florissant. « C’est un petit marché, où les acquéreurs sont très spécialisé­s, car la perle fine est une matière difficile à aborder. Il faut la sentir, alors que pour acheter un diamant vous avez des critères de qualité et un prix au carat », analyse Philippine Dupré la Tour, directrice associée chez Aguttes, qui propose désormais quatre ventes annuelles de perles fines.

OPULENCE

Cette surenchère de zéros dans les adjudicati­ons s’explique aussi par les (nouveaux) codes sans limite des porteurs de bijoux. Plus c’est gros, plus c’est cher, plus… on poste sur les réseaux sociaux. Lorsque le quotidien se mesure en nombre de followers, afficher le caratage de sa bague de fiançaille­s respecte une certaine logique. Les joailliers comme Graff, De Beers ou Chopard traquent donc les cailloux XXL pour les clientes qui en redemanden­t. Fawaz Gruosi, le fondateur de la maison de Grisogono, a également fait de l’opulence sa signature. En novembre 2017, son collier en forme de point d’interrogat­ion taillé en émeraude certifiée IIA-D (soit d’une pureté équivalent­e à celle d’un diamant de la mine mythique de Golconde, en Inde) a été adjugé 28,8 millions d’euros. Encore un record…

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