Madame Figaro

Événement : Dior Lady Art.

ONZE ARTISTES FEMMES RÉINTERPRÈ­TENT L’ILLUSTRE SAC LADY DIOR. PLUS QU’UN EXERCICE DE STYLE, UNE DÉMARCHE FÉMINISTE ENGAGÉE.

- PAR MARIE-NOËLLE DEMAY

Chez Dior, le féminisme n’est pas qu’un teeshirt We Should All Be Feminists, devenu culte dès la première collection printemps-été 2017 de Maria Grazia Chiuri. C’est aussi un état d’esprit. Pour comprendre pourquoi la directrice artistique de la griffe de luxe n’a choisi que des femmes artistes pour réinterpré­ter l’iconique sac Lady Dior, dans la troisième édition du projet Dior Lady Art, il faut aussi se rappeler la formule « Why have there been no great women artists ? »

(« Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grandes artistes ? ») de son défilé printemps-été 2018. Cette question, apposée de façon provocante sur les tee-shirts de la collection, reprenait le titre choc d’un essai de l’historienn­e américaine Linda Nochlin (publié en 1971 dans le magazine ARTnews). Un texte qui visait à éveiller les conscience­s sur une problémati­que bien réelle : pourquoi l’histoire de l’art ne retient-elle que les grands artistes masculins ? Réponse de Linda Nochlin : parce que ce sont les hommes qui écrivent cette histoire. Le propos de Dior Lady Art#3 dépasse donc le simple exercice de style, en évoquant aussi la place des femmes dans l’art. « Elle a souvent été considérée par l’historiogr­aphie dominante comme relative. Aujourd’hui encore, les cadres de l’art restent souvent très masculins dans les institutio­ns comme sur le marché. Mais une nouvelle génération s’impose. L’art de demain aura gagné le jour où l’on n’aura même plus besoin de poser la question de savoir s’il est masculin ou féminin », explique Olivier Gabet, directeur du Musée des arts décoratifs. De son côté, Maria Grazia Chiuri l’affirme : « Le fait d’être la première femme à devenir directrice artistique de Dior me donne une grande responsabi­lité vis-àvis des femmes. » Elles sont donc onze artistes,

photograph­es, peintre ou sculptrice­s, venues du monde entier, à s’être emparées du Lady Dior – monstre sacré né en 1995 et baptisé en l’honneur de la princesse Diana – pour le réinterpré­ter à l’aune de leur univers et de leur imaginaire. Olga de Amaral (Colombie) en donne une version brodée de feuilles de coton recouverte­s à la main d’or 24 carats ; Li Shurui (Chine) le décline en tissu enduit, embossé et imprimé d’un effet hologramme ; Mickalene Thomas (États-Unis) inaugure un modèle en veau verni noir brodé d’un patchwork multicolor­e de perles, de fils et d’organza... Deux Françaises font partie des invitées : Isabelle Cornaro, qui pare le mini Lady Dior de chaînes, grigris et autres cabochons de cristal pour en faire une oeuvre quasi magique, et Morgane Tschiember, qui l’harnache de cordes et de noeuds. Onze visions créatives transforma­nt cette icône de la mode en véritable oeuvre d’art pour onze éditions inédites portant cette année une voix unique.

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 ??  ?? FORCE ET SENSUALITÉ La sculptrice française Morgane Tschiember harnache le Lady Dior de cordes : jeux de surfaces, de volumes et de tension.
FORCE ET SENSUALITÉ La sculptrice française Morgane Tschiember harnache le Lady Dior de cordes : jeux de surfaces, de volumes et de tension.
 ??  ?? LUMIÈRE ET GRIGRISLi Shurui et son Lady Dior imprimé comme habillé de leds. Isabelle Cornaro (en haut à droite) pare un modèle mini de chaînes et de cabochons en cristal façon amulettes.
LUMIÈRE ET GRIGRISLi Shurui et son Lady Dior imprimé comme habillé de leds. Isabelle Cornaro (en haut à droite) pare un modèle mini de chaînes et de cabochons en cristal façon amulettes.
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