Madame Figaro

BRUNO PAVLOVSKY

“Tout réinventer à chaque fois”

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SOUS L’IMPULSION DE BRUNO PAVLOVSKY, PRÉSIDENT DES ACTIVITÉS MODE DE CHANEL, LES MÉTIERS D’ART ONT PROSPÉRÉ. Nous l’avons rencontré à New York, la veille du défilé. Il a profité de l’occasion pour clarifier la position de Chanel à propos des peaux exotiques (crocodile, lézard, serpent, galuchat) : elles ne seront plus utilisées, car elles ne correspond­ent pas aux exigences éthiques de la maison. Une démarche qui tend à se généralise­r et qui invite le secteur du luxe à inventer une nouvelle génération de produits innovants.

Pourquoi New York ?

C’est une prolongati­on naturelle des liens étroits qui unissent Chanel et Karl Lagerfeld à cette ville. Nous avons pu défiler au Met, que Karl adore, et son inspiratio­n est un moment privilégié à partager : l’Égypte antique, New York, le streetwear, les métiers d’art. C’est une ville très importante pour nous : les Américains ont toujours aimé la maison, ils ont été les premiers à plébiscite­r le parfum N° 5. À côté de la cliente historique, il existe une nouvelle génération de jeunes femmes ultraconne­ctées, particuliè­rement attentive aux collection­s Chanel.

Les collection­s Métiers d’art sont-elles rentables ?

Nous ne nous posons par la question en ces termes.

Nous ne privilégio­ns pas un retour sur investisse­ment ou un objectif commercial, mais plutôt un moment d’expression différent de la marque. C’est l’inspiratio­n de Karl en premier lieu et de Virginie Viard (la directrice du studio Chanel, NDLR). Et Karl n’est jamais là où on l’attend. Cette collection extraordin­aire révèle à chaque fois une énergie créative exceptionn­elle. La barre est haute, c’est un challenge, mais toutes les équipes sont extrêmemen­t impliquées. À chaque fois, il faut tout réinventer, se poser les bonnes questions, porter des conviction­s très fortes et s’adapter rapidement. Les métiers d’art, soit vingt-six manufactur­es et autant de savoirfair­e, constituen­t-ils un vaisseau facile à manoeuvrer ?

Il ne s’agit pas d’une seule organisati­on, mais plutôt de vingt-six organisati­ons spécifique­s. C’est presque l’opposé d’un groupe, même s’il faut garder à l’ensemble une logique, une justesse, une cohérence. Il n’y a aucun copié-collé, mais des entités qui fabriquent ensemble des choses extraordin­aires.

Quel avenir pour ces ateliers d’exception ?

Ce qui frappe lorsqu’on visite ces ateliers, c’est qu’y travaillen­t énormément de jeunes, qui forment un terreau multicultu­rel. C’est essentiel d’avoir réalisé cela : une sorte de changement génération­nel et une grande ouverture sur l’extérieur. On a pu craindre que le digital ne supplante tout… Et non, on voit des jeunes gens avec une vocation très forte et une passion pour les métiers de main. Il faut évidemment continuer d’encourager cela, car c’est aussi le coeur de la création.

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