PROMESSE d’émotions
La nouvelle saison du Palais de Tokyo, « sensible » comme elle se définit joliment elle-même, est une promesse de liens et de correspondances – entre les pratiques artistiques, les communautés ou les continents – et de vrais événements. Comme la première exposition en France de Theaster Gates : cet artiste afro-américain qui mêle performance, sculpture et urbanisme est une voix importante de l’art contemporain, trentième dans le Power 100 d’ArtReview cette année. Son nouveau projet explore l’histoire sociale, et en particulier celle de l’esclavage, en prenant pour point de départ Malaga Island, dans le Maine, dont le gouverneur fit expulser la population pauvre en 1912. La saison abrite aussi une belle expo, Quand faire c’est dire, d’Angelica Mesiti – qui représente l’Australie à la prochaine Biennale de Venise. Un ensemble d’oeuvres vidéo y créent un parcours immersif sur les autres lieux du langage : une chorale en langue des signes (Mother Tongue, 2017, ci-dessus), un message morse en musique, chorégraphie ou sculpture… À leurs côtés, Julien Creuzet, en poète qu’il est, fait jongler les héritages culturels à coups de chansons pop, de paysage marin et de cérémonie dogon. Louis-Cyprien Rials (en haut), Prix SAM 2017, lui, a réalisé avec les Ougandais de Ramon Film Productions une adaptation du mythique Rashomon, de Kurosawa… Tout un programme.
Saison sensible, du 20 février au 12 mai, au Palais de Tokyo, à Paris. palaisdetokyo.com